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Une récession... et pourtant les bourses remontent ?!

Geert Van Herck

Geert Van Herck

Chief Strategist KEYPRIVATE

Depuis mi-octobre, nous assistons à un rebond des principales bourses. Pourtant, nous constatons en même temps que l’économie mondiale est entrée en récession. Pourquoi les investisseurs feraient-ils des bonnes affaires en bourse ? Et, surtout, pourquoi dans des actifs plus risqués comme les actions ?

Après des pertes de cours de 20 % et plus, d’importantes bourses occidentales comme l’indice américain Dow Jones Industrials ou l’indice STOXX Europe 600 ont entamé une reprise depuis un certain temps. Que constatons-nous ? Les investisseurs en actions semblent retrouver leur appétence au risque. Ils veulent à nouveau plus d’actions en portefeuille et ce, surtout parce qu’ils s’attendent à une augmentation des bénéfices des entreprises cotées en bourse. De cette manière, ils peuvent espérer un dividende plus élevé. Malheureusement, ceux qui considèrent cette hausse du cours des actions comme un signe de forte expansion de l’économie mondiale se trompent lourdement. En effet, à l’heure actuelle, la grande majorité des indicateurs macroéconomiques publiés indiquent une récession (imminente) pour l’économie européenne et américaine. Pourquoi acheter maintenant ? Les investisseurs semblent être pressés d'entamer 2023 et partent du principe que les cours intègrent déjà les effets de la récession. En effet, les indicateurs économiques décevants comportent aussi un certain nombre de points positifs dont les investisseurs profitent pour décider d'acheter.

Attardons-nous d’abord sur l’évolution de la confiancedes producteurs mondiaux dans le secteur industriel. Avec sa publication mensuelle, il s’agit de l’un des indicateurs les plus importants. Que constatons-nous ? En octobre de cette année, elle est passée sous la barre des 50 points (49,4 fin octobre 2022). En dessous de 50 points, il s’agit d’une récession ou d’une contraction de la croissance économique mondiale. Au-delà de 50 points, elle indique une croissance économique.

Le graphique 1 montre clairement que l’activité économique est en train de ralentir depuis quelque temps. Elle a récemment débouché sur une zone de récession (= en dessous de 50 points). Si les investisseurs se limitent à surveiller ce graphique, ils penseront à tout sauf aux actions. Soyons clairs, beaucoup pensent que la récession imminente a déjà été prise en considération depuis le début de l’année. Beaucoup d’actions cycliques ont reculé de 20 %, 30 % voire plus. Maintenant que cette récession se confirme, les investisseurs se tournent donc déjà vers l’avenir. C’est précisément ce que font les investisseurs : anticiper et toujours prévoir 3 à 6 mois à l'avance.

Graphique 1 : évolution de la confiance des producteurs mondiaux dans le secteur de l’industrie

Recession paradox
Source : S&P Global, JPMorgan

Que nous apprend leurs perspectives ?

Nombreux estiment que le pire est probablement déjà passé. Vous trouverez ces indications sur le graphique 2. Celui-ci montre clairement que la pression sur les prix ou l’inflation est en train de s’apaiser. En effet, la forte hausse de l’inflation était le thème par excellence des premiers mois de cette année, avec pour conséquence des taux à long terme en Europe et aux États-Unis sous pression haussière et un refroidissement des bourses. Cependant, nous observons une correction à la baisse des prix sur le marché des matières premières depuis l’été.

Ce phénomène suscite de l’optimisme. En effet, si les entreprises doivent payer moins pour leurs matières premières (= input prices dans le graphique 2), elles seront moins tentées d'augmenter leurs prix de vente (= output prices dans le graphique 2). C’est pourquoi nous espérons que l’inflation a déjà atteint son pic et qu’elle ralentira dans les mois à venir. Par conséquent, les banques centrales occidentales ne seront probablement plus aussi enclines à relever fortement les taux à court terme. Cet espoir d’un regain d’oxygène pour l’économie en 2023 constitue précisément la raison pour laquelle les investisseurs poussent les bourses à la hausse.

Graphique 2 : évolution des prix d’achat et de vente dans le secteur industriel

recession paradox graph 2
Source : S&P Global, JPMorgan

Conclusion

Il règne un paradoxe sur la bourse. Alors que l’économie mondiale passe en récession, nous constatons tout de même un rebond des bourses. Cela s’explique par le fait que les investisseurs en actions tentent d’anticiper sur 3 à 6 mois. C’est précisément ce que nous vivons actuellement. Les cours reflétaient déjà la crainte d’une récession dès le début de l’année. Et maintenant ? Aujourd’hui, les investisseurs tablent sur une reprise en 2023 soutenue par un refroidissement de l’inflation et des attentes moins agressives des banques centrales. L’avenir nous apprendra s’ils ont vu juste.

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