Records boursiers : que faire en cas de vertige ?

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Ces derniers mois, les investisseurs se sont frotté les mains. De l’Europe au Japon et de l’Inde aux États-Unis : plusieurs bourses ont battu des records ces dernières semaines. En janvier, le S&P 500 a atteint son plafond pour la première fois en deux ans. L’indice phare américain a ensuite franchi la barre des 5 000 points. Et après avoir affiché des chiffres de croissance impressionnants le 22 février, le S&P 500 a continué allégrement à enchaîner les records. Précisément le jour où le STOXX 600 européen a pulvérisé son record.

Même le Nikkei 225 japonais a rétabli son record à plusieurs reprises cette année. Un phénomène remarquable, car le marché des actions japonais était à l’arrêt depuis plusieurs décennies. Le précédent record date de ... 1989. Rien d’étonnant à ce que plusieurs banques aient déjà revu leurs perspectives boursières pour 2024 après quelques semaines à peine.

Don’t worry, be happy?

La hausse boursière actuelle est d’autant plus étonnante que nous venons d’accuser deux années de fortes hausses des taux. En théorie, un taux d’intérêt plus élevé est préjudiciable aux actions. Cela s’explique par l’attrait croissant des obligations et d’autres produits à rendement fixe, comme les comptes à terme. Alors que les obligations moins risquées affichent actuellement un rendement de 4 ou 5 % et les actions plus risquées peuvent potentiellement rapporter 6 ou 7 %, de nombreux investisseurs devraient se tourner vers les obligations.

La hausse des taux et l’inflation élevée ne devraient (en théorie) pas être les seules à freiner les actions. Parallèlement, les hostilités géopolitiques entre les États-Unis et la Chine continuent de faire rage, et des guerres éclatent en plusieurs endroits. Sans compter que le programme électoral de 2024 sera chargé. Bref, les incertitudes dominent. Et s’il y a bien une chose que les investisseurs n’apprécient pas, c’est l’incertitude. Or, si tout cela ne suffit pas à freiner le rallye, qu’est-ce qui pourrait alors réfréner l’enthousiasme sur les marchés des actions... ?

L’ambiance qui règne actuellement évoque déjà de vagues souvenirs de précédentes périodes d’optimisme (extrême) sur le marché. Le fait que les cryptomonnaies aient également émergé de leur sommeil hivernal ne fait que contribuer à la nervosité. Ces dernières semaines, la santé du marché des actions américain en particulier a fait l’objet de débats intenses.

Une récession ? Quelle récession ?

Certaines raisons incitent néanmoins à considérer le rallye boursier comme rationnel. Tandis que les banques centrales du monde entier ont relevé leurs taux en un temps record, de nombreux analystes ont mis en garde contre le risque de récession et de baisse des bénéfices des entreprises. Début 2023, la prévision d’une croissance limitée à 0,7 % de l’économie américaine – la plus grande au monde – faisait l’objet d’un consensus. En réalité, elle a dépassé trois fois ce taux. Le marché de l’emploi est resté sain et toute une série d’entreprises ont publié tour à tour des résultats optimaux.

Aujourd’hui encore, l’économie américaine continue de résister à la gravité et la croissance devrait se poursuivre au cours du premier trimestre de cette année. Malgré un ralentissement en Chine, où les piètres performances boursières constituent une exception à la tendance mondiale, et les maigres chiffres économiques de la zone euro, le FMI a depuis revu à la hausse ses prévisions de croissance mondiale.

Merci à l’IA

De nombreux investisseurs s’attendent en outre à ce que la vague d’investissements dans l’intelligence artificielle stimule l’économie. Déployée à plus grande échelle, l’IA peut aider les entreprises à réduire leurs coûts, à développer de nouvelles applications et à créer davantage de valeur, ce qui favorise la croissance économique et les bénéfices des entreprises. Selon les believers, la formation d’une bulle d’IA sur les marchés est exagérée. Prenons l’exemple de Nvidia, chouchou de l’IA : la montée en flèche de l’action en l’espace d’un an n’est vraisemblablement pas basée uniquement sur un effet de mode, mais aussi sur des chiffres solides et des attentes élevées. Au dernier trimestre, Nvidia a enregistré un chiffre d’affaires plus de trois fois supérieur à celui de la même période l’année précédente. JPMorgan fait même remarquer que les Magnificent Seven – Apple, Alphabet, Amazon, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla – sont actuellement moins chers qu’il y a cinq ans.

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L’art de l’inertie

Les investisseurs sont actuellement confrontés à un dilemme. D’une part, les témoins d’alerte clignotent pour indiquer que les marchés d’actions se montrent peut-être trop optimistes. D’autre part, il existe des raisons de justifier le rallye. Que devez-vous (éviter de) faire exactement de vos placements ? Cela dépend surtout de votre profil d’investisseur.

Vous investissez sur le long terme ? Dans ce cas, il est peut-être préférable de conserver vos positions et donc de ne pas tout vendre. En dépit de tous les modèles informatiques et des doctorats, personne ne peut aujourd’hui prédire les performances des bourses à court terme. Il est donc préférable de ne pas bouger et de ne pas essayer de saisir le moment idéal, afin d’avoir la certitude de pouvoir prendre le train en marche en cas de hausse boursière.

En effet, malgré les nombreuses baisses, les bourses affichent une tendance haussière sur le long terme. L’indice MSCI World Total Return est un indicateur représentatif de ce phénomène. Cet indice mondial mesure le rendement total de près de 1 500 actions sur 23 marchés. D’après un calcul basé sur des données de Bloomberg, un investissement de 100USD en 1974 chiffrait à 8301USD fin 2023. Au cours de ces 50 ans, l’indice a terminé 38 ans dans le vert et 12 ans dans le rouge (15 fois dans le vert et 5 fois dans le rouge ces deux dernières décennies).

Pistes pour couvrir les risques

Vous investissez sur le long terme ? Ou vous investissez dans des fonds qui sont déjà adaptés et gérés activement quoi qu’il arrive ? Dans ce cas, l’inertie peut être une stratégie intéressante. Si vous souffrez néanmoins du vertige ou si vous êtes un investisseur plutôt actif, vous pouvez envisager plusieurs autres pistes pour tenter de couvrir les risques :

  • Réduisez l’exposition aux actions et misez davantage sur les obligations pour tenter de limiter le risque et la volatilité.
  • Diminuez la pondération des actions américaines et augmentez l’exposition aux actions européennes. Celles-ci sont généralement moins cycliques et plus attrayantes que leurs homologues américaines.
  • Augmentez l’exposition aux actions à dividendes, qui devraient être moins volatiles si le marché boursier venait à s’essouffler.
  • Ayez éventuellement recours à des ordres stop-loss pour limiter les pertes. Vous pourrez ainsi déterminer un niveau de prix spécifique auquel vos actions seront automatiquement vendues, ce qui vous permettra de limiter les dégâts en cas de forte baisse du marché.
  • Pour les investisseurs plus expérimentés et plus dynamiques, la solution réside dans une stratégie de couverture, en investissant une petite partie du portefeuille dans des instruments dérivés, comme un panier d’options put. Ces options put permettent de vendre certains actifs à un prix prédéterminé pendant une période déterminée. Cela signifie que si les prix du marché baissent, la valeur de ces options augmente, ce qui contribue à compenser les pertes potentielles dans le reste du portefeuille.
  • Envisagez l’ajout d’or et/ou d’autres métaux précieuxà votre portefeuille. Les métaux précieux sont souvent considérés comme une « valeur refuge » en période d’incertitude sur les marchés. L’ajout d’un pourcentage d’or ou d’autres métaux précieux à votre portefeuille peut servir de réserve contre la volatilité du marché.

L’orientation des bourses est incertaine ?

Envisagez également d’investir périodiquement. Vous répartirez ainsi vos placements dans le temps et entre différents secteurs.

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