Une mauvaise passe pour l’économie mondiale qui semble temporaire!
Geert Van Herck
Chief Strategist KEYPRIVATE
21 décembre 2021
4 minutes à lire
La croissance de l’économie mondiale a ralenti le mois dernier, même si, selon nous, il n'est pas question de récession. Ce phénomène nous semble surtout dû à une pénurie de main-d'œuvre et de certaines composantes de la production de biens et de services.
De ce fait, certaines entreprises et certains secteurs doivent momentanément réduire leur production. Et cela pèse évidemment sur la croissance économique. Nous insistons sur le caractère temporaire car nous observons des signaux indiquant une hausse de la production dans les pays asiatiques. Quelles sont les perspectives pour l’économie mondiale?
Afin de pouvoir évaluer correctement l’évolution de l’activité économique internationale, Keytrade Bank examine chaque mois le rapport sur la confiance des producteurs internationaux. Ce rapport du bureau d’études IHS Markit, en collaboration avec JPMorgan, est basé sur une enquête menée à l'échelle mondiale auprès de plus de 10 000 chefs d’entreprise.
Il constitue donc un excellent indicateur de l’état de santé de l’économie mondiale. Retenez surtout que les chiffres supérieurs à 50 points indiquent une expansion de l’activité économique au niveau mondial, tandis que les chiffres inférieurs à 50 points indiquent une contraction.
Le graphique 1 nous montre l’évolution de la confiance des producteurs internationaux. Et ce, tant pour la confiance totale des producteurs ("Composite") que pour le secteur industriel ("Manufacturing") et des services ("Services"). Malgré la très forte reprise observée depuis mi-2020, nous observons un recul au cours des derniers mois. Celui-ci est dû aux conséquences de la crise du coronavirus de l’année dernière. Le taux de vaccination dans les pays de production asiatiques n’est pas aussi élevé qu’en Occident, ce qui implique un taux d'absentéisme plus important chez les ouvriers dans les usines En outre, la demande occidentale de biens de consommation comme les ordinateurs et les voitures a connu une très forte hausse. En raison de ces deux facteurs, certains éléments de ces pays ne sont pas expédiés assez rapidement dans les usines occidentales.
Il en résulte une période temporaire de baisse de la production et de la croissance économique. Le secteur automobile allemand en est un bon exemple. À l'heure actuelle, celui-ci ne dispose pas de suffisamment de composants électroniques tels que des semi-conducteurs ou des puces et les usines automobiles tournent donc temporairement au ralenti.
Graphique 1 : évolution de la confiance des producteurs mondiaux
Source : IHS Markit, JPMorgan
Pourtant, une amélioration se profile à l’horizon. À droite du graphique, nous constatons que la baisse de la confiance des producteurs internationaux semble s’être stabilisée. Y voyons-nous un signal de reprise?
La situation en Asie du Sud-Est nous permet aussi de croire en un tel revirement. En particulier dans les pays ASEAN (Indonésie, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam). Avec la Chine, ces pays sont également appelés "l'usine du monde". De nombreuses entreprises occidentales y ont des centres de production qui exportent vers l’Occident.
Comme vous pouvez le voir sur le graphique 2, l’évolution dans ces pays constitue ainsi un excellent baromètre de l’économie mondiale. Après quelques mois de contraction, la confiance des producteurs dans les pays ASEAN est revenue à son niveau de 50 points.
C’est pourquoi nous nous attendons à ce que des chiffres supérieurs à 50 points soient enregistrés dans les mois à venir. Ajoutons que le nombre de vaccinations contre le coronavirus évolue favorablement, ce qui entraîne une augmentation de la main-d'œuvre dans le processus de production.
Graphique 2 : évolution de la confiance des producteurs dans les pays ASEAN.
Source : IHS Markit
Pour conclure
L’économie mondiale s’est quelque peu refroidie ces derniers mois en raison de la pénurie de composants à destination des usines occidentales. Maintenant que l’usine du monde semble reprendre pleinement ses activités, nous sommes optimistes quant à l’avenir économique proche. Nous ne craignons pas de récession mais tablons plutôt sur une poursuite de l’expansion de l’économie mondiale.
Geert Van Herck Chief Strategist KEYPRIVATE