Que devez-vous savoir avant de commencer à investir dans des dividendes ?
Keytrade Bank
keytradebank.be
15 janvier 2025
3 minutes à lire
Recevoir un dividende ressemble à un cadeau. Mais qui paie la facture ? Découvrez pourquoi ce cadeau peut parfois être empoisonné.
En 1610, Compagnie néerlandaise des Indes orientales était la première action au monde à offrir un dividende. Un tel dividende permet aux entreprises de partager une partie de leurs bénéfices avec leurs actionnaires. D’un point de vue historique, les dividendes représentent donc une part importante du rendement total pour les investisseurs.
Ainsi, depuis 1930, 4 % du rendement annuel moyen du S&P 500 provient des dividendes, en plus de la croissance des cours des actions (6,08 %). Ces dernières années, ce flux de dividendes a quelque peu diminué. À l’heure actuelle, un ETF distribuant sur le S&P 500, comme l’iShares Core S&P 500 UCITS ETF USD (Dist), ne vous rapport qu’un rendement de dividende brut de 1 % (situation en décembre 2024).
En Europe, le rendement annuel moyen des dividendes est traditionnellement plus élevé qu’aux États-Unis. Avec un tracker sur le STOXX Europe 600, comme l’iShares STOXX Europe 600 UCITS ETF (Dist), vous obtenez aujourd’hui un rendement de dividende brut d’environ 2,75 % (situation décembre 2024). De Proximus à Cofinimmo en passant par Elia et Colruyt, la bourse belge regorge également d’actions à dividendes
La raison de cette différence entre l’Europe et les États-Unis est assez simple. Aux États-Unis, ces dernières décennies, les entreprises achètent plus souvent des actions propres avec leurs bénéfices (buybacks). Celles-ci sont alors détruites afin de créer une plus-value pour les actionnaires. De plus, les entreprises technologiques occupent une place de plus en plus dominante dans les indices boursiers américains. Une grande partie de ces entreprises (de croissance) ne versent pas de dividendes ou seulement des dividendes limités.
Vérités et mensonges sur les dividendes
À première vue, les dividendes semblent être un joli petit extra, mais tout le monde n’en raffole pas. Il s’agit toujours d’un sujet de discorde parmi les investisseurs, et ce n’est pas sans raison.
D’une part, les dividendes présentent des avantages évidents. Lorsque de grands noms comme Meta Platforms et Alphabet ont distribué un dividende pour la première fois en 2024, cette nouvelle été saluée comme un changement positif, comme un signe de maturité. Il en va de même pour les augmentations de dividendes, qui sont souvent considérées comme un signe de santé financière et d’augmentation de la rentabilité. La stratégie de croissance des dividendes, à avoir investir dans des entreprises qui augmentent systématiquement leurs dividendes, est populaire auprès de nombreux investisseurs. De plus, les actions à dividendes sont souvent considérées comme des investissements défensifs, surtout en période d’incertitude économique.
D’autre part, les dividendes font aussi l’objet de critiques. Les dividendes sont parfois considérés comme un moyen inefficace pour les entreprises de restituer leur capital aux actionnaires, alors qu’elles devraient le réinvestir ou le conserver en prévision de périodes plus compliquées. Étant donné que les dividendes sont imposés, certains investisseurs préfèrent que les entreprises gardent simplement cet argent et l’utilisent de manière plus efficace.
Ces opinions contradictoires n’aident pas les investisseurs à comprendre ce qu’ils doivent penser des dividendes. S’agit-il d’une source de revenus stable et d’un signe de bonne gestion de l’entreprise ? Ou d’une manière inefficace de créer de la valeur pour les actionnaires ?
À quoi faut-il prêter attention en tant qu’investisseur en dividendes ?
Vous investissez déjà dans des dividendes ou vous souhaitez investir davantage dans des actions à dividendes ? Dans ce cas, faites attention aux risques et aux points d’attention suivants :
1. Le piège des dividendes
Une erreur courante est de penser que les dividendes génèrent un bénéfice supplémentaire en plus de l’augmentation du cours d’une action. C’est ce que l’on appelle le piège des dividendes. Lorsqu’une entreprise distribue un dividende, le cours de l’action est généralement ajusté proportionnellement au montant distribué. Cela signifie que, même si vous recevez un dividende, la valeur de votre action diminue d’un montant équivalent. Le rendement total reste donc identique. Certains investisseurs pensent toutefois que le dividende est un « bonus ».
Une autre fausse idée est que les actions qui versent des dividendes sont toujours moins volatiles en raison des distributions régulières. Bien que les entreprises qui versent des dividendes soient souvent des entreprises stables et matures, elles restent soumises aux fluctuations du marché. Le dividende en tant que tel ne réduit pas la volatilité ; ce phénomène est souvent dû à la nature des entreprises qui émettent ces actions, qui affichent un caractère plus défensif.
2. « Dividend traps » : trop beau pour être vrai
Les rendements de dividende élevés semblent attrayants à première vue, mais peuvent aussi être un signal d’avertissement. Surtout si vous ne regardez que le rendement du dividende. Si l’entreprise A offre un rendement de dividende de 4 % et l’entreprise B de 7 %, il semble logique de privilégier l’entreprise B. Il peut s’agir en effet d’un meilleur achat, mais il peut également s’agir d’un dividend trap.
Un rendement de dividende extrêmement élevé se produit souvent lorsque le cours de l’action d’une entreprise a fortement baissé. Cette baisse peut être le signe de problèmes fondamentaux, comme une chute des revenus ou une perturbation opérationnelle. Certaines entreprises versent même l’intégralité de leurs bénéfices sous la forme d’un dividende, ce qui leur laisse peu de marge de manœuvre. Les investisseurs qui misent aveuglément sur un rendement de dividende élevé courent le risque de tomber dans un dividend trap.
Ces dividend traps peuvent finalement entraîner des réductions de dividendes, voire des suppressions, ce qui fait encore baisser le cours. Il est donc crucial de regarder au-delà du simple rendement du dividende lors de votre analyse. Examinez la santé de l’entreprise, la stabilité du secteur et la durabilité de la politique de dividendes. Un bon équilibre entre rendement et qualité est essentiel.
3. Surconcentration dans certains secteurs
L’objectif final de l’investissement est de maximiser le rendement total, qui se compose de l’augmentation du cours et des dividendes éventuels. Si vous vous concentrez trop sur les dividendes, vous pourriez passer à côté d’opportunités dans des secteurs à fort potentiel de croissance. Les entreprises technologiques versent souvent peu ou pas de dividende, mais présentent un potentiel de croissance de valeur considérable. La forte croissance de ces entreprises qui n’ont pas distribué de dividende (pendant longtemps) a alimenté le rendement des marchés élargis au cours des dernières années. Les investisseurs qui se concentrent exclusivement sur les dividendes risquent de passer à côté de la création de valeur dans de tels secteurs.
En misant exclusivement sur les revenus de dividendes, les investisseurs risquent de surconcentrer leur portefeuille dans des secteurs spécifiques aux dividendes, tels que les services aux collectivités ou les biens de consommation, et ainsi passer à côté d’opportunités sur les marchés dynamiques. En outre, certains secteurs traditionnellement connus pour leurs dividendes attrayants sont la défense, les énergies fossiles et le tabac. Ces secteurs distribuent souvent une grande partie de leurs bénéfices aux actionnaires. Mais pour les investisseurs qui accordent une grande importance à la durabilité, il s’agit d’un véritable dilemme.
4. Impact fiscal
Les dividendes sont imposés. Les dividendes belges sont soumis à un précompte mobilier de 30 %. Si vous percevez des dividendes d’entreprises étrangères, vous devez faire face à une double imposition : le précompte mobilier à la source et le précompte belge ! Le dividende final peut dès lors parfois être divisé par deux.
S’il existe une convention de double imposition entre notre pays et celui du pays d’origine, vous pouvez toutefois obtenir une réduction de la retenue à la source. Ceci dépend notamment de votre résidence fiscale. Bon à savoir : vous pouvez récupérer une partie du précompte mobilier perçu sur vos dividendes via votre impôt des personnes physiques. Mais vous devez le faire vous-même ; le fisc ne le calcule pas pour vous*.
*Si vous souhaitez plus d'informations sur votre situation, n'hésitez pas à contacter notre Service public fédéral Finances ou votre conseiller fiscal.
Vous souhaitez investir dans des actions à dividendes, mais vous n’avez pas besoin des revenus réguliers ? Dans ce cas, envisagez par exemple d’investir dans un ETF ou un fonds géré activement qui ne distribue pas les dividendes (distribution), mais les réinvestit (capitalisation). Dans ce dernier cas, les dividendes sont intégrés dans le cours de l’ETF ou dans la valeur liquidative du fonds. Vous pouvez trouver ces trackers ou fonds en recherchant les termes « income » ou « dividend ». Assurez-vous de bien choisir la capitalisation (Acc) au lieu de la distribution (Dis). Ces informations figurent à chaque fois dans le document d’informations clés. Ce choix peut être fiscalement plus intéressant, car vous ne percevez pas de dividendes et ne payez donc pas de précompte mobilier.
5. Dépendance accrue aux dividendes
Enfin, une concentration trop forte des actions à dividendes peut entraîner une dépendance vis-à-vis de cette source de revenus. En période de difficultés économiques, lorsque les entreprises ont tendance à réduire ou à supprimer leurs dividendes, cela peut entraîner un stress financier pour les investisseurs qui s’appuient fortement sur les revenus de dividendes. Bien entendu, vous pouvez toujours vendre périodiquement une partie de vos actions. En effet, il peut aussi s’agir d’une stratégie pour bénéficier d’un revenu régulier si vous en avez besoin.