Démocrates ou républicains : quel est le meilleur parti pour vos investissements ?
Keytrade Bank
keytradebank.be
18 octobre 2024
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Devez-vous adapter vos investissements à l’approche des élections américaines ? Probablement pas. En effet, si l’on examine les performances boursières précédentes, la stratégie la plus judicieuse est souvent l’attentisme. Bien que la volatilité sur la bourse puisse augmenter à l’approche du 5 novembre, l’impact sur le long terme des résultats des élections semble plutôt négligeable, quel que soit le candidat gagnant.
1. Les années des élections sont-elles de bonnes ou de mauvaises années pour la bourse ?
Cette année, les investisseurs ne semblent pas s’inquiéter outre mesure des conséquences possibles des élections américaines. Au cours des trois premiers trimestres de l’année, le S&P 500 a déjà atteint 43 nouveaux records. Ces records ne sont évidemment pas une conséquence directe des campagnes électorales. Mais le sentiment général montre que les investisseurs ne se sont pas beaucoup intéressés à la politique pour le moment. Malgré deux tentatives d’assassinat d’un candidat, un président actuel qui renonce à un second mandat et des sondages variables qui ne permettent à aucun des candidats de se démarquer clairement.
Il n’est pas étonnant qu’une année électorale semble avoir peu d’impact sur la bourse. Les années électorales semblent généralement favorables aux actions américaines. Les élections ne créent en tout cas pas de situation de crise. Au cours des 23 années d’élections présidentielles depuis 1932, le S&P 500 a terminé l’année dans le vert dans 74 % des cas, avec un rendement moyen de 6,2 %, contre un rendement moyen de 8,7 % pour toutes les années depuis 1932 (hors dividendes)*. Cependant, les moyennes ne disent pas tout, car certaines années électorales ont coïncidé avec des crises qui n’étaient pas liées à la politique américaine. C’était notamment le cas avec l’éclatement de la bulle Internet en 2000 et la crise financière en 2008. Si vous retirez ces deux années des résultats, vous obtenez un rendement moyen du S&P 500 de 9,1 % pendant les années électorales.
*Source : Standard & Poor’s, FactSet, J.P. Morgan Asset Management. Données au 30 septembre 2024.
Conclusion ?
D’un point de vue historique, la bourse américaine affiche en moyenne des performances légèrement inférieures au cours d’une année électorale. Mais cette différence n’est pas suffisante pour décider de rester à l’écart de la bourse. Bien au contraire.
2. Est-ce que la bourse a intérêt à voir une victoire du camp démocrate ou républicain ?
Le système électoral américain est très différent de celui de la Belgique. Alors qu’en Belgique, le gouvernement est généralement formé par des coalitions de différents partis, la victoire aux États-Unis se joue entre deux grands partis. De plus, il arrive régulièrement qu’un président doive travailler avec un Congrès divisé. Il est donc possible qu’un président démocrate soit au pouvoir, mais que les républicains contrôlent le Sénat et/ou à la Chambre des représentants. Cette situation s’explique par le fait que les élus à la Chambre des représentants ont un mandat de deux ans et les élus au Sénat ont un mandat de six ans. Tous les deux ans, les membres de la Chambre des Représentants et un tiers des Sénateurs sont élus ou réélus.
Rendements moyens du S&P 500 (annualisés) 1950-2023
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Président démocrate | Président républicain | |
Majorité démocrate au Congrès | 8,72 % | 1,04 % |
Congrès divisé | 15,72 % | 12,2 % |
Majorité républicaine au Congrès | 14,55 % | 11,7 % |
Source : Darrow Wealth Management, YCharts. Calcul mai 2024.
Si nous examinons les performances du S&P 500 entre 1950 et 2023, nous pouvons dégager certaines tendances. Si le président est démocrate et le congrès républicain, l’indice a obtenu un rendement annualisé de 14,55 %. C’est beaucoup mieux que lorsque le président est démocrate et que le Congrès est également entre les mains des démocrates (8,72 %). Le S&P 500 surperforme également lorsqu’un président républicain doit faire face à un congrès divisé (12,2 %), car les résultats sont légèrement meilleurs que si les républicains occupent à la fois la présidence et contrôlent les deux chambres du Congrès. Un président républicain avec un congrès démocrate semble être la pire combinaison (1,04 %).
Conclure que les démocrates sont meilleurs pour la bourse est toutefois un raccourci trop précipité. Les rendements repris ci-dessus n’expliquent pas vraiment aux investisseurs pourquoi les marchés ont affiché de bonnes ou de mauvaises performances et comment ils évolueront probablement à l’avenir. De nombreux événements avec une influence sur l’économie et les marchés échappent de toute façon au contrôle du parti au pouvoir. La politique monétaire, la politique fiscale, la croissance économique, le marché du travail, les bénéfices des entreprises… sont de bien meilleurs indicateurs pour essayer de deviner les rendements futurs. Le contexte économique, et non le contexte politique, est donc beaucoup plus pertinent pour comprendre l’environnement de marché et les rendements historiques.
Conclusion ?
D’un point de vue historique, la bourse américaine se porte en moyenne un peu mieux avec un président démocrate. Mais la différence n’est pas énorme et la tendance est fortement influencée par le contexte économique à plus grande échelle. Les investisseurs qui prennent leurs décisions uniquement sur la base de la politique partisane risquent de négliger des facteurs macroéconomiques incontournables.
3. Quels secteurs pourraient tirer leur épingle du jeu en cas de victoire démocrate ou républicaine en 2024 ?
Chaque parti a son propre programme politique qui peut favoriser ou désavantager certains secteurs. Si les démocrates occupent la présidence, des secteurs tels que l’énergie propre, les soins de santé et les projets d’infrastructure devraient avoir le vent en poupe. En effet, ce parti a tendance à soutenir des initiatives liées à la durabilité et au renforcement de la sécurité sociale. En outre, l’industrie pharmaceutique est souvent confrontée à des réglementations plus strictes et à d’éventuels contrôles des prix des médicaments avec des gouvernements démocrates. Ces éléments sont susceptibles d’avoir un impact considérable sur les marges bénéficiaires des grandes entreprises pharmaceutiques, alors que le secteur des soins de santé au sens large, comme les entreprises spécialisées dans les soins à domicile et la technologie médicale, pourrait bénéficier de l’expansion des programmes de santé tels que le Medicare.
De leur côté, les républicains peuvent donner un coup de pouce à des secteurs tels que le pétrole et le gaz, la défense et les services financiers. Les républicains sont traditionnellement connus pour leur politique favorable aux entreprises, qui est souvent synonyme de réductions d’impôts et de diminution de la réglementation. Ce contexte peut être bénéfique pour les entreprises énergétiques traditionnelles, étant donné que les républicains plaident souvent pour une réduction des règles environnementales et un renforcement de l’indépendance énergétique. Le secteur de la défense peut également être le grand gagnant d’une victoire républicaine, car ce parti augmente généralement les dépenses dans la défense. Le secteur financier peut aussi prospérer sous un gouvernement républicain, qui est souvent favorable à la dérégulation et à des contrôles moins stricts sur les marchés financiers.
Les investisseurs envisagent souvent d’adapter leurs portefeuilles en fonction des rebonds potentiels dans certains secteurs. Il s’avère toutefois très compliqué d’adopter une stratégie fiable sur la base des différents résultats politiques possibles. Une victoire d’un certain parti ne garantit pas que celui-ci pourra tenir toutes ses promesses de campagne. En raison de l’accentuation de la polarisation politique, il devient même de plus en plus difficile de parvenir à des accords au sein d’un même parti. En 2020, Joe Biden a lancé une campagne visant à réduire les énergies fossiles et à promouvoir les énergies renouvelables. De son côté, Donald Trump a mené une campagne de soutien à l’industrie énergétique traditionnelle pendant sa présidence. Pourtant, les deux secteurs ont enregistré des performances totalement contradictoires. Sous l’administration Trump, l’indice S&P 500 Energy a reculé de 40 %, tandis qu’avec la présidence de Biden, il a grimpé d’environ 125 %. Avec Trump, l’indice S&P 500 Global Clean Energy a progressé de 275 %, tandis qu’avec Biden en tant que président, il a baissé de 50 %**. En fin de compte, ce sont surtout les facteurs macroéconomiques qui ont orienté les marchés, et non la politique.
**Source : Standard & Poor’s. Données au 10 octobre 2024.
Conclusion ?
Il est tentant de penser qu’un parti politique exerce une forte influence sur des secteurs spécifiques. Mais ce sont plus souvent des facteurs économiques à plus grande échelle qui jouent un rôle plutôt que des décisions purement politiques. Un portefeuille bien diversifié, adapté aux différents cycles économiques, surperformera généralement par rapport à une stratégie qui se base uniquement sur le résultat des élections. Malgré tout, certains investisseurs aventuriers peuvent quand même miser à court terme sur les différences de politique attendues entre les partis.
Vous avez des incertitudes quant à l’impact des élections américaines ?
Envisagez d’investir périodiquement. Vous répartirez ainsi vos placements dans le temps et entre différents secteurs.