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Elon Musk va-t-il envoyer l’action Tesla à la casse ?

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Les ventes baissent, la confiance s’effrite et Elon Musk semble s’intéresser à tout sauf à Tesla. 2025 sera-t-elle l’année du crash pour Tesla ? Ou s’agit-il d’un simple nid-de-poule sur le chemin d’une nouvelle accélération de la croissance ?

Il y a un siècle, lorsque Henry Ford a implanté des usines en Grande-Bretagne et en Allemagne pour fabriquer le Model T, il rêvait d’un empire automobile mondial. À bien des égards, Tesla est l’équivalent de Ford au 21e siècle. L’entreprise possède un avantage de précurseur dans le domaine des véhicules électriques, est dirigée par un CEO charismatique et affiche des ambitions internationales.

Bien que Tesla n’ait ouvert ses premières usines en Chine et en Allemagne qu’en 2019 et en 2022, l’entreprise s’est déjà considérablement ancrée dans le paysage mondial. Environ 50 % du chiffre d’affaires sont réalisées en Amérique du Nord, 30 % en Asie-Pacifique et 13 % en Europe, selon les estimations de la plateforme FactSet citée dans le Wall Street Journal.

Mais le chemin vers une présence internationale à part entière est semé d’embûches, et nous l’avons une fois de plus remarqué ces derniers mois. À Wall Street, Tesla a perdu près de la moitié de sa valeur boursière à son niveau le plus bas. La panique était totale : un jour 15 % dans le rouge, l’autre 10 % dans le vert.

Les prises de position politiques de Musk rappellent étrangement les controverses politiques propres à Henry Ford et elles expliquent les fluctuations importantes en bourse. Mais il ne s’agit pas de la seule explication.

1. Le profil politique ne plaît pas aux acheteurs

Peu de marques sont aussi étroitement liées à leur CEO que Tesla. Pendant longtemps, cette connexion a joué en faveur du pionnier des voitures électriques. Mais depuis qu’Elon Musk a affiché ses préférences politiques, cet avantage s’est transformé en inconvénient. En tant que bureaucracy-basher-in-chief autoproclamé du DOGE (Département de l’efficacité gouvernementale), de nombreux investisseurs pensaient initialement que son aventure politique allait être positive pour Tesla. En décembre, les investisseurs ont même fait grimper l’action à un niveau record, avec une valeur de marché qui a dépassé les 1500 milliards USD.

Mais tout le monde ne voit pas d’un bon œil sa bromance avec Donald Trump. Pour les tout premiers partisans de la marque, souvent des acheteurs progressistes et soucieux de l’environnement, il s’agit d’une véritable trahison. Ross Gerber, l’un des premiers grands investisseurs de Tesla (et toujours actionnaire) a fait remarquer que Musk a récemment réussi à faire le pire marketing pour le meilleur produit au monde.

Surtout en Europe, Musk et Tesla ne semblent pas en odeur de sainteté. Début 2025, le nombre de nouvelles immatriculations de Tesla a pratiquement diminué de moitié par rapport à l’année précédente. Les ventes de Tesla ont chuté de 44 % en février, alors que les ventes de voitures électriques en Europe ont augmenté de 25 % le même mois. En Allemagne, où Musk a soutenu l’AfD, les ventes ont même dégringolé de 76 %. La Grande-Bretagne fait figure d’exception, car elle a enregistré une hausse de 21 % en février. Musk y flirte ouvertement avec Reform, le parti de Nigel Farage.

L’Europe reste évidemment un marché relativement faible pour Tesla. Mais Tesla est également confrontée à un problème d’image aux États-Unis. À l’instar de l’Europe, les showrooms de Tesla ont également été touchés par des manifestations et des autocollants de pare-chocs avec des textes comme « I bought my Tesla before Elon went nuts » ont vu le jour. Les chiffres des ventes de février indiquent une contraction de 10 % par rapport à l’année dernière, après une baisse de 11 % en janvier.

La baisse des ventes s’explique par le fait que l’un des modèles (Modèle Y) fait l’objet d’une mise à jour et que les acheteurs potentiels attendent encore un peu avant d’acheter. Ce facteur n’explique toutefois pas totalement cette descente aux enfers. Étant donné qu’Elon Musk passe beaucoup de temps à Washington, qu’il est CEO de Tesla, CEO de SpaceX et CTO de X (Twitter), qu’il a des parts dans d’autres entreprises (Neuralink, The Boring Company et xAI) et qu’il a 14 enfants, les investisseurs se demandent s’il a encore le temps de se concentrer sur son rôle chez Tesla.

2. BYD : La riposte chinoise

En Chine, le plus grand marché mondial des véhicules électriques, Tesla est confronté à un autre obstacle : la concurrence féroce à l’échelle locale. BYD, un constructeur automobile chinois qui s’est approprié le titre de plus grand fabricant de véhicules électriques au monde au détriment de Tesla en 2023, ne cesse de renforcer son influence sur le marché local. En février, BYD a atteint une part de marché de 29 % sur le marché chinois des véhicules électriques (y compris les hybrides), tandis que Tesla se situait à la septième place avec 4 %. En d’autres termes, sur le principal marché de croissance de Tesla, BYD est aujourd’hui sept fois plus important en parts de marché. Sur l’ensemble de l’année 2024, Tesla a enregistré une part de marché de 6 % en Chine.

L’année dernière, près d’une voiture sur deux vendue en Chine était électrique. Les marques chinoises lancent sans cesse de nouveaux véhicules et des technologies innovantes : BYD a notamment présenté au printemps une nouvelle technologie de batterie capable de recharger les voitures presque aussi rapidement que si vous faisiez un plein dans une station-service. Pour les acheteurs chinois, qui sont réputés pour leur vif intérêt pour les dernières nouveautés, la gamme de Model 3 et Y de Tesla semble désormais un peu « démodée et obsolète » par rapport aux designs et caractéristiques futuristes des concurrents locaux.

Pour rester compétitif, Tesla a adopté des baisses de prix agressives en Chine. Cette stratégie a donné naissance à une véritable guerre des prix. BYD et d’autres acteurs ont suivi le mouvement en proposant également des réductions. De cette manière, les voitures électriques deviennent de plus en plus abordables pour les consommateurs chinois. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les volumes de ventes, mais cette stratégie pèse sur les marges bénéficiaires de Tesla et de l’ensemble de l’industrie. Alors que Tesla bénéficiait autrefois de marges élevées sur ses voitures, celles-ci sont aujourd’hui sous pression en raison des réductions et des bonus nécessaires pour attirer des clients. De plus, Tesla dispose d’un nombre limité de modèles, tandis que les concurrents chinois proposent un modèle pour chaque niche – des véhicules électriques urbains bon marché aux SUV de luxe – à des prix compétitifs.

3. Les chiffres de vente décevants remettent (à nouveau) en question la valorisation

Pendant des années, Tesla a connu une croissance avec des chiffres de vente en constante hausse. 2024 a marqué un tournant dans cette tendance. Pour la première fois depuis 2011, le nombre de Tesla livrées dans le monde a diminué sur une base annuelle. En 2024, Tesla a vendu environ 1,79 million de véhicules, soit 1 % de moins qu’en 2023. Ce volume reste énorme, mais le signal est clair : la limite de la croissance exponentielle semble atteinte. À titre de comparaison, le rival chinois BYD a vendu 4,3 millions de voitures l’année dernière, soit une hausse de 41 % par rapport à 2023. En parallèle, Tesla a dû faire face à plusieurs trimestres en 2024 au cours desquels les chiffres de vente ont été inférieurs aux objectifs ambitieux, ce qui a commencé à saper la confiance des analystes. L’année dernière, Tesla a mis au placard son ambition de produire 20 millions de voitures par an d’ici 2030.

Le ralentissement de la croissance et les préoccupations à l’égard de Musk lui-même se sont traduits par une forte correction en bourse. Depuis début janvier 2025, près d’un tiers de la valeur boursière est parti en fumée (situation au 24 mars). De plus, après les énormes rallyes des années précédentes, Tesla reste tout sauf bon marché. Même après sa récente chute, l’entreprise affiche une valeur boursière supérieure à celle des neuf plus grands constructeurs automobiles du monde réunis. Et ce, alors que Tesla (moins de 2 millions de voitures/an) est loin derrière les niveaux de production de ces mêmes constructeurs automobiles traditionnels (environ 44 millions de voitures/an au total). Ce déséquilibre entre la valorisation et la réalité rend certains investisseurs (à nouveau) nerveux.

4. Constructeur automobile ou entreprise IA/robotique/tech ?

Une question clé qui se pose à propos de Tesla est de savoir comment l’entreprise doit être valorisée : en tant que constructeur automobile ou en tant qu’entreprise technologique. L’écart dans le cours boursier est dû au fait que les investisseurs ne considèrent pas Tesla comme une « simple » entreprise automobile. Elon Musk a souligné à maintes reprises que Tesla est principalement une entreprise technologique qui s’est par hasard spécialisée dans la fabrication de voitures. Selon Musk, Tesla ne vend pas seulement des voitures électriques, mais aussi des logiciels (notamment avec ses fonctions de conduite autonome), des applications énergétiques (batteries Powerwall, énergie solaire) et peut-être même bientôt des robots humanoïdes. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux investisseurs soient prêts à payer une solide prime d’avenir pour Tesla.

Selon certaines analyses, le montant de cette prime se répartit de la manière suivante : Selon les estimations, les activités de voitures électriques de Tesla (la vente réelle de véhicules) représentent moins d’un quart de la valeur boursière ; la majeure partie de la valorisation repose dès lors sur les opportunités futures, notamment dans le domaine de la conduite autonome et de la robotique. Les investisseurs misent donc déjà leur argent sur des produits et services qui sont en grande partie encore en cours de développement. Même s’ils doivent faire preuve de patience. Musk a promis que les taxis autonomes de Tesla changeront le monde. Cette promesse est répétée chaque année depuis 2016 , mais les fameux taxis ne circulent toujours pas dans les rues. Cette promesse alimente le rêve que Tesla tire un jour la majorité de ses revenus de l’offre de mobilité (transport de passagers dans des Tesla autonomes), comme une plateforme technologique, plutôt que de la vente de voitures.

En fin de compte, il est possible de résumer la situation de la manière suivante : Le cœur de Tesla balance entre deux identités. Il s’agit bel et bien d’un constructeur automobile qui est soumis au caractère cyclique du secteur, mais aussi d’une plateforme de technologie innovante. Cette double nature rend la valorisation complexe. Pour les investisseurs, il est crucial d’évaluer si les promesses de Musk sont réalistes et réalisables dans un avenir proche.

5. La Big Tech en 2025 : des 7 Magnifiques aux 7 Salopards

L’évolution de Tesla n’est pas un cas isolé. Ces dernières années, Tesla a souvent été citée dans la liste des 7 Magnifiques, à savoir les sept entreprises Big Tech (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla) qui ont dominé les marchés des actions.

Mais au début de l’année 2025, la situation a changé : les géants de la Tech ont tous été en soldes. Pour Tesla, cette rotation a deux conséquences. Pour commencer, le cercle vertueux général s’est dissipé : les flux d’achats automatiques dans la Big Tech ont diminué et Tesla n’évolue dès lors plus de concert avec les autres. Ensuite, les investisseurs sont plus critiques vis-à-vis des histoires individuelles. Sur un marché haussier où les actions technologiques ne semblaient être capables que de grimper, les investisseurs ont peut-être commencé à ouvrir les yeux et à se rendre compte que Tesla était très cher. Et étant donné que les investisseurs semblent devenir un peu plus sélectifs, les points faibles peuvent être pénalisés plus lourdement.

Défis et potentiel pour Tesla

Tesla semble se trouver à un moment charnière de son existence. D’une part, les défis s’accumulent. La détérioration de l’image de marque causée par les sorties politiques d’Elon Musk inquiète une partie des clients. La concurrence, surtout en Chine, grignote progressivement les parts de marché de Tesla. Les chiffres de vente sont sous pression. Le cours boursier a pris un sérieux coup sur la tête et le marché est plus critique vis-à-vis de la Big Tech et donc aussi de Tesla. La prime de croissance qui était autrefois justifiée commence à l’être de moins en moins. En prenant en compte uniquement ces facteurs, il serait possible de conclure que l’investissement dans Tesla est devenu beaucoup plus risqué aujourd’hui.

D’autre part, Tesla reste une entreprise dotée d’un potentiel et d’atouts uniques. Elle garde une avance technologique dans de nombreux domaines. L’entreprise investit massivement dans l’innovation, ce qui peut porter ses fruits à long terme. De plus, Tesla prévoit de pénétrer de nouveaux marchés (comme l’Inde et le Moyen-Orient) et d’élargir son portefeuille de produits. Le succès n’est pas garanti, mais si Tesla parvient à tenir ses promesses, par exemple en étant vraiment la première entreprise à commercialiser des taxis totalement autonomes, la magie de son storytelling pourrait à nouveau fonctionner.

Pour l’instant, il semble judicieux pour les investisseurs de bien attacher leur ceinture. Tesla se trouve à un moment charnière de son existence, et les années à venir montreront si elle sera capable de retrouver le chemin de la croissance ou si la spirale baissière se poursuivra. Elon Musk sera assurément l’un des facteurs déterminants dans cette histoire.

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