Investisseur, voulez-vous vraiment rester sur le banc de touche ?
Geert Van Herck
Chief Strategist KEYPRIVATE
20 octobre 2022
5 minutes à lire
Guerre en Ukraine, taux d’inflation extrêmement élevés dans les pays industrialisés occidentaux et récession imminente en Europe. Sans surprise, les bourses ont déjà plongé dans le rouge cette année. La peur est palpable.
Comme toujours, la panique est mauvaise conseillère. Les marchés baissiers constituent souvent une bonne opportunité pour ceux qui souhaitent investir et faire fructifier leur épargne. Ces dernières semaines, deux analyses intéressantes nous ont frappés. Elles confirment qu’au fil de l’histoire, une correction boursière a toujours été un bon moment pour acheter.
Le tableau 1 illustre les principaux marchés baissiers depuis les années 1950. Par marché baissier, il convient d'entendre une baisse de plus de 20 % des principaux indices boursiers. Tant aux États-Unis qu’en Europe, la plupart des indices boursiers ont dépassé ce seuil critique.
Le tableau est basé sur le S&P 500, l’indice de référence pour le marché des actions américain. Cet indice sert également de guide pour le reste du monde. Depuis les années 1950, il y a eu neuf périodes (y compris la correction de 2022) pendant lesquelles le S&P 500 a perdu 25 % et plus. De nombreux investisseurs n'ont certainement pas oublié la crise des dotcoms de 2000 et la crise financière de 2008. La crise la plus récente a été le krach du coronavirus en 2020.
Pendant ces mouvements baissiers, la panique règne parmi les investisseurs et rares sont ceux qui ont le courage d’entrer en bourse. Nous entendons souvent des investisseurs dire qu’ils attendent une correction avant de se lancer. Pourtant, si cette correction se produit effectivement, il n’y a plus personne. Nous constatons que la grande majorité reste donc à l'écart.
Il est toutefois évident que les personnes qui auront le courage d’investir à ce moment-là ne le regretteront pas. En effet, ceux qui décident d’acheter après une baisse de 25 % pourront se prévaloir d’un beau rendement 1, 3 et 5 ans plus tard.
En moyenne, on attend un rendement positif de 21 % après 1 an, ce bénéfice passe à 36 % après 3 ans et 5 ans plus tard, le portefeuille a déjà augmenté de 83 % en moyenne !
Tableau 1 : rendements du S&P 500 après une baisse de 25 % ou plus
Source : Ben Carlson
Rappelons au lecteur que les rendements du tableau 1 ont été calculés en entrant en bourse le premier jour de négociation suivant le mois au cours duquel le S&P 500 avait baissé de 25 %. Le tableau 2 illustre chaque marché baissier de 1980 à 2020. Il s’agit de chaque période où le S&P 500 a baissé de plus de 20 %.
Nous attirons à nouveau l’attention sur les deux dernières colonnes de ce tableau. Lorsque nous revenons 1 et 2 ans plus tard sur une entrée après un marché baissier, nous observons des statistiques qui profitent à l’investisseur « courageux ». En moyenne, le S&P 500 a grimpé d’environ 30 % (ou plus) après 1 et 2 ans. Ce qui est peut-être plus important encore, c’est la probabilité d’un rendement positif. Globalement, il y a plus de 85 % de probabilité de hausse des cours après un marché baissier aux États-Unis !
Tableau 2 : rendements S&P 500 après un marché baissier
Source : Carson Investment Research
Conclusion
Les statistiques évoquées ci-dessus parlent d’elles-mêmes : les investisseurs qui font travailler leur épargne après une correction boursière de 25 % ou plus s'en sont déjà félicités par le passé. N’est-ce pas Warren Buffett qui investissait « when blood is in the streets » ? Bien entendu, les performances passées ne constituent pas un indicateur fiable à 100 % des performances futures mais la déclaration suivante ne fait aucun doute : la panique et la peur sont de très mauvaises conseillères en matière d’investissement !