L’Inde est-elle la nouvelle Chine ?

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En 2013, l’Inde était la dixième plus grande économie au monde. En 2023, le pays est déjà passé à la cinquième place. Alors que les États-Unis (1) et la Chine (2) sont aujourd’hui hors d'atteinte, le Japon (3) et l’Allemagne (4) voient entre-temps le pays se rapprocher de plus en plus dans leur rétroviseur. Les chiffres de croissance accrus – 9 % de croissance en 2021 et 7 % en 2022 – ont également suscité l’intérêt des investisseurs. Ces dernières années, tant les investisseurs indiens que les investisseurs étrangers s’orientent facilement vers les marchés financiers. Cette année encore, les bourses indiennes enregistrent des records. Les économistes s’attendent à ce que la poussée de croissance (et donc le potentiel d’investissement) en Inde ne soit pas encore terminée. Selon les prévisions, le produit intérieur brut de l’Inde (c’est-à-dire la valeur totale de tous les biens et services produits chaque année) va encore doubler au cours des prochaines années, passant de 3 500 milliards USD en 2023 à 7 500 milliards USD en 2031. De cette manière, le pays pourrait bientôt devenir la troisième plus grande économie au monde. Bien que les prévisions économiques soient tendues, l’Inde a également beaucoup de flèches à son arc pour mener à bien cette tâche. Introduction :

1. Avance démographique : à 1,6 milliard d’Indiens

L’Inde peut s’appuyer sur une population massive. Le pays compte plus de 1,4 milliard d’habitants, et était, en 2023 encore, le pays le plus peuplé au monde (les deux pays représentent un tiers de la population mondiale). Bien que l’économie chinoise soit aujourd’hui cinq fois plus importante que celle de l’Inde, la croissance démographique indienne devrait contribuer à réduire l’écart. En effet, l’Inde a encore une poussée de croissance sous le coude. Au cours des 50 prochaines années, la population continuera de monter en flèche pour accueillir 1,6 milliard de personnes supplémentaires. Pour mettre cela en perspective : en 2070, l’Inde comptera autant de personnes qu’il n'y en avait sur la planète en 1900 ! Parallèlement, la population chinoise va diminuer à partir de 2024 pour passer sous les 800 millions d’ici 2100. Et alors que les États-Unis, l’Europe et la Chine sont confrontés à une vague de vieillissement, l’Inde ne doit pas encore s'en inquiéter. L’âge médian en Inde est aujourd’hui inférieur à 29 ans. En Chine, il est d’environ 38 ans. L’Inde dispose donc d’un très grand groupe de jeunes travailleurs capables d’alimenter la locomotive économique. Un groupe qui s’agrandit en outre de jour en jour. Il est intéressant de constater que la proportion de population active indienne est aujourd’hui égale à celle de la Chine en 2007. Le PIB total et le PIB par habitant suivent la même logique. Cependant, tout n'est pas si rose. Bien que l’Inde dispose de solides statistiques démographiques, celles-ci ne sont pas encore pleinement exploitées. Alors que le taux de formation augmente, le taux de chômage des jeunes fluctue depuis des années autour de 25 à 30 %. En outre, le taux de participation des Indiens en âge de travailler s’élève à à peine à 41 %. En d’autres termes, parmi tous les Indiens qui peuvent travailler, à peine quatre sur dix le font (officiellement/effectivement). Le taux de participation des femmes dans le circuit de travail atteint 24 %.

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2. Infrastructure : toutes les routes mènent à Delhi

Ces dernières années, le gouvernement indien a fortement investi dans les infrastructures. Ainsi, plus de 70 000 kilomètres de routes ont été ajoutés au cours des 10 dernières années. Qui plus est, le réseau d’autoroutes est aujourd’hui 50 % plus long qu’en 2013. Dans le même laps de temps, le nombre de passagers sur les vols intérieurs a également doublé. Autant dire que ça bouge. Depuis 2019, tous les ménages indiens ont également accès à l’électricité. Il s'agit d'un progrès majeur, car en 2000, les prises et les interrupteurs d’éclairage n’étaient encore réservés qu’à 60 % d'entre eux. Au cours de la dernière décennie, les bobines avec câbles électriques ne sont pas les seuls éléments à avoir été déployées à un rythme soutenu. L’approvisionnement en eau a également fait l’objet de travaux importants. En Inde, le gouvernement vise à fournir de l’eau potable à tous les ménages d’ici 2024, même dans les villages les plus reculés. Le développement de ces infrastructures de base représente surtout un grand progrès pour les ménages des zones rurales. Le temps autrefois consacré à la collecte de bois de chauffage ou à l’approvisionnement en eau peut désormais être utilisé à des fins plus productives, ce qui a un impact considérable sur l’indépendance économique de ces ménages. Non seulement les sources d’alimentation sont devenues plus accessibles, mais l’Inde s’efforce également de réduire son mix énergétique. Jusqu’à présent, le charbon et le pétrole ont servi de base à la croissance industrielle et à la modernisation de l’Inde. Néanmoins, un changement de cap est (apparemment) en cours. Le pays veut d’une part favoriser le développement économique durable (à l’écart de l’industrie à forte intensité de carbone), et d’autre part augmenter la sécurité énergétique, car il importe beaucoup de combustibles fossiles. Bien que le charbon représente toujours 68 % de l’approvisionnement en énergie et que les investissements dans les combustibles fossiles soient toujours subventionnés, la part des énergies renouvelables augmente également. Aujourd’hui, cette part s’élève à 28 % (hors nucléaire). D’ici 2030, le pays vise une part de plus de 60 % d’énergie renouvelable, principalement grâce à l’énergie solaire et éolienne. Le développement de toutes ces infrastructures (et du grand pool de main-d'œuvre bon marché) agit également comme un aimant sur les entreprises étrangères. Ce phénomène est souligné par l’augmentation impressionnante de 400 % de la valeur totale des investissements européens et américains annoncés en Inde entre 2021 et 2022. Bien entendu, la Chine et la crise du coronavirus ont également « aidé ». Alors que de nombreuses grandes entreprises tentent de réduire leur dépendance à la Chine (tensions géopolitiques, diversification des chaînes d’approvisionnement...), l’Inde semble en tirer profit. Ainsi, des noms célèbres tels qu’Apple, Samsung, Alphabet et Foxconn ont déjà fortement investi en Inde ces dernières années, au détriment de la Chine. Cela ne signifie pas encore que l’Inde sera bientôt la nouvelle « usine du monde » : elle ne représente aujourd’hui que 2 % des exportations mondiales de biens, alors que la Chine en représente environ 15 %. Les solides investissements publics s'accompagnent évidemment aussi d'un endettement plus élevé. Selon le FMI, la dette publique représente plus de 83 % du PIB (à titre de référence : Chine 77 %, États-Unis 125 %, Belgique 105 %). En 2000, cela représentait encore 73 % du PIB en Inde. En comparaison avec d’autres pays émergents, l’endettement est relativement élevé, mais c’est surtout la hausse de l’endettement des ménages indiens qui frappe. Les dettes des ménages atteignent entre-temps 35 % (à titre de référence : Chine 61 %, États-Unis 74 %, Belgique 60 %), alors qu'elles atteignaient à peine 2,5 % en 2000.

3. Numérisation

Le secteur indien des services informatiques et de l’externalisation a doublé de taille au cours des dix dernières années. Cette croissance a contribué à catapulter l’Inde à la cinquième place du classement mondial des exportateurs de services. Une pénurie mondiale de spécialistes informatiques, combinée au passage à des services basés sur le cloud, suggère que cette tendance haussière devrait se poursuivre. Aujourd’hui, le plus grand problème de l’Inde est de trouver du talent. Le secteur technologique emploie déjà environ 5 millions de personnes et le marché de l’emploi pour tout profil passionné par la technologie et les logiciels est en plein essor. Le climat favorable à la technologie s'avère également un terrain fertile pour les start-ups et les licornes (une start-up avec une valorisation de marché d’au moins 1 milliard d’USD). L’Inde compte actuellement le troisième plus grand nombre de licornes, après les États-Unis et la Chine. Grâce à la force de son secteur IT, le gouvernement a entre-temps numérisé la plupart de ses services. Les citoyens peuvent accéder à pas moins de 1 745 services sur UMANG, la superapp du gouvernement : demander des subventions, tenir un dossier médical, conserver des documents importants dans un coffre-fort numérique, rechercher des dossiers auprès du tribunal... tout cela est possible sur une seule et même plateforme. Ces dernières années, le gouvernement a également déployé un système d’identification biométrique pour tous les Indiens, appelé Aadhaar. Grâce à la reconnaissance de l’iris et des empreintes digitales, chaque Indien a reçu un identifiant Aadhaar, qui consiste en un numéro unique à 12 chiffres. C’est un peu comme un numéro de registre national, mais avec de nombreuses applications pratiques. Ainsi, l’Aadhaar fournit non seulement une preuve d’identité et de domicile, mais permet également aux Indiens de s’identifier et de se connecter à toutes sortes de plateformes (ce qui est comparable à notre Itsme). Lenuméro d’identification peut également être lié à un numéro de téléphone portable et à un compte bancaire gratuit. Le projet ambitieux est un bond en avant pour l’Inde dans la numérisation et la rationalisation de ses services publics (lents et procéduriers). Il convient également de mentionner UPI - Unified Payments Interface. Il s’agit d’une application qui relie toutes les banques et tous les titulaires de compte indiens au moyen de leur numéro de téléphone portable. Grâce à UPI, les Indiens peuvent se transférer de l’argent gratuitement et sans problème grâce à leur smartphone. Ils peuvent également effectuer des paiements destinés à des entreprises, quelle que soit leur banque cliente. Le service est extrêmement populaire : rien qu’en juillet 2023, 10 milliards de transactions ont été enregistrées. Il s’agit de l’application de paiement numérique la plus populaire au monde.

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4. Inclusion financière

Grâce à la vague de numérisation, des millions de personnes sont désormais intégrées dans le système bancaire indien. En moins de 10 ans, plus de 500 millions d’Indiens ont ouvert un compte bancaire gratuit (malheureusement pas chez nous, ils recevaient alors non seulement un compte gratuit, mais aussi 5 centimes par opération ;-) ).

De Kerala au Rajasthan : chaque Indien peut ouvrir un tel compte gratuitement auprès de la banque de son choix. Il permet non seulement à tout le monde d’accéder à des services bancaires réguliers, mais aussi indirectement de réduire la bureaucratie (les allocations sont par exemple directement versées sur le compte) et de réduire la corruption. La voie numérique rend beaucoup plus difficile le détournement des flux monétaires ou les erreurs de paiement. Ces dernières années, la formalisation du secteur bancaire a en outre renforcé l'attention que l'Indien moyen porte aux investissements. Le nombre de comptes-titres s’élève désormais à plus de 127 millions et a déjà doublé ces deux dernières années. Autrement dit, près d’un Indien sur dix investit aujourd’hui. La classe moyenne émergente est également un atout pour le développement économique de l’Inde. Aujourd’hui, plus de 430 millions d’Indiens font déjà partie de ce groupe (revenus ménagers compris entre 6 700 et 40USD par an). Cela correspond à environ un tiers de la population. L’augmentation du pouvoir d’achat et de la consommation de ce groupe (la consommation privée représente 60 % du PIB) permettra aussi de continuer à soutenir la demande intérieure dans les années à venir.Pour conclureL’Inde se trouve à une fascinante croisée des chemins. Le pays a le potentiel de s'élever au rang de force économique mondiale, mais pour réaliser ce rêve, il faut encore travailler sur plusieurs fronts. Les défis sont grands et la réussite n’est pas garantie. Mais si les dix dernières années ont montré une chose, c’est que l’Inde ne doit pas être sous-estimée. Il sera intéressant de voir comment le pays gérera ce mélange de possibilités et de défis dans les années à venir.

Investir en Inde ?

Investir dans un pays émergent comme l’Inde ouvre des portes, mais comporte aussi des risques. Une possible manière de répartir les risques est de diversifier ses investissements avec un tracker ou un fonds d'investissement.

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