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La bourse perfide

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Mon périodique Mister Market Magazine vient de fêter ses cinq ans. Il s'en est passé des choses depuis fin mars 2014. Nous avons vécu maintes folles journées et des événements sans précédent. Trump à la Maison Blanche, rendez-vous compte ! Ou cette embarrassante et interminable saga du Brexit. Tous ces nouveaux phénomènes financiers, d'Alibaba à Aramco en passant par Uber : invraisemblable. Encore plus improbable : la taxe sur la spéculation ! Un gouvernement de centre droite qui met sciemment des bâtons dans les roues des ménages en quête d'un rendement décent pour leur épargne, non mais dites donc !

Pourtant, dans notre univers, celui de la bourse, rien n'a changé en substance. L'investisseur de 2019 est la copie conforme de celui de 2014. Et, sans nul doute, de celui de 2024. Nous ne savons pas encore ce que l'avenir nous réserve et quelle approche adopter. Dans la mesure où l'avenir sera imprévisible à l'avenir aussi, et comme la nature humaine ne change pas, le jeu des achats et des ventes se déroulera toujours d'une manière ou d'une autre.

Les questions des investisseurs continueront d'ailleurs de fuser quoi qu'il advienne. Depuis la naissance de mon magazine, je reçois régulièrement par e-mail une question du type : « que va faire la bourse ? » Tout est question de timing, à chaque fois. La formulation varie néanmoins, selon les dernières performances boursières en date. À la fin de l'an dernier, c'était surtout : « Ne ferais-je pas mieux de vendre ? » Quelques mois et une belle relance du cours plus tard, on en revient à : « N'ai-je pas intérêt à attendre avant de vendre ? »

Ma réponse est restée la même durant toutes ces années. Non.

Une réponse que je me dois de développer et de défendre, car on ne se contente pas d'un simple non. À juste titre. Les investissements, c'est mon métier et je me dois d’être capable d'apporter une réponse plus concrète. Bon nombre d'autres le font. La presse financière, en particulier certaines chaînes obsessionnelles d'actualités américaines, regorge d'experts boursiers prêts à donner leurs instructions précises : achetez ceci, vendez cela.

Ces gourous du petit écran sont d'ailleurs à côté de la plaque. Nul ne sait si les cours seront 20 % plus hauts ou plus bas d'ici deux mois. Alors pourquoi attendre pour acheter ? Pourquoi tout vendre ?

Ces tentatives de chronométrer la bourse sont toujours à votre désavantage. Restez tranquille, suivez un système fiable, achetez et vendez des actions individuelles lorsque les niveaux de cours prédéfinis sont atteints, mais surtout ne sortez pas complètement pour entrer ensuite de nouveau dans des actions. « L'accès de la bourse ne devrait pas se faire par une porte à tambour comme dans les supermarchés », affirme notre investisseuse interne chez Mister Market Magazine. « Mais uniquement par une porte sans poignée à l'intérieur. On entre et on ne sort plus. »

Zanna ne chronomètre pas car elle sait qu'elle ne le peut pas. C'est dommage au fond, car le seuil d'entrée détermine en grande partie les rendements auxquels les investisseurs pourront prétendre. Si elle avait pu chronométrer, elle aurait donc obtenu des rendements nettement supérieurs à sa moyenne annuelle de 12,2 % sur 22 ans. Mais si elle avait cru qu'elle pouvait chronométrer, son rendement aurait sans aucun doute été beaucoup plus bas.

Heureusement, elle ne pense pas pouvoir le faire. Sa boule de cristal infaillible serait quoi qu'il en soit très précieuse. Elle aurait alors placé toute son épargne dans des actions belges début mars 2009. Aurait-elle investi 10 000 euros ? Ces 10 000 euros en vaudraient aujourd'hui 31 262 (selon l'indice Belgium All Shares Return). Et si elle avait investi ces 10 000 euros à peine 6 mois avant dans les mêmes actions, elle détiendrait aujourd'hui 16 756 euros. Soit un peu plus de la moitié. Si elle avait placé ses 10 000 euros sur la bourse de Bruxelles fin avril 2007, il y a 12 ans, cette somme équivaudrait à 11 934 euros.

De 11 934 à 31 262 euros. Soit un gigantesque écart pour des paquets d'actions identiques achetés il y a longtemps, à des moments pas très éloignés (il y a 10 à 12 ans).

À laquelle de ces dates la soif d'achat était-elle la plus forte, selon vous ? Exact : en avril 2007. Et la plus faible ? Vous avez encore raison : en mars 2009. Voilà la preuve absolue de la perfidie de la bourse. Cette fausse sirène a attiré à elle l'épargnant naïf à l'apogée de 2007 et chassé le malheureux comme un malpropre au pire moment de 2009. Nous avons acheté avec avidité au sommet et vendu avec angoisse au fond. La bourse ne doit donc pas son surnom de « temple des regrets » au hasard. Rien d'étonnant non plus à ce que le professeur émérite Roland Van der Elst ait affirmé : « La bourse n'est pas là pour vous ».

Quelle que soit l'identité de l'occupant de la Maison Blanche, peu importe les monstrueux impôts qui sortiront de l'imagination des prochains gouvernements belges, la perfidie de la sirène boursière est intemporelle. Que l'on soit en 1971, 1999 ou 2007 : durant les années de ce type, la bourse avale goulûment l'argent des petits investisseurs, après quoi débutent des années de misère boursière. Que l'on soit en 1981, 2003 ou 2009 : la plupart des petits investisseurs sont dégoûtés de la bourse et c'est le début d'une hausse boursière qui perdurera pendant des années.

Même sur une base hebdomadaire, les meilleures périodes d'entrée et de sortie ne sont précisément pas celles qui paraissent les meilleures. Le 13 octobre 1987 était-il une date propice ? Rien ne semblait suggérer le contraire. Bon nombre ont donc acheté ce jour-là. Une semaine plus tard, le 20 octobre 1987, toutes les actions étaient en moyenne 25 % meilleur marché et nous avons pu ajouter le Lundi noir au dictionnaire des krachs boursiers. Ce 20 octobre 1987 était-il un moment propice ? Oui, résolument. Pratiquement le moment le plus propice que l'on puisse imaginer. Pourtant, il n'y paraissait pas ce jour-là. Tout semblait indiquer que tout l'argent placé en bourse allait rapidement à vau-l'eau. Peu ont osé acheter.

Autrement dit : inutile de chronométrer. Tâchez de ne pas évaluer votre moment d'entrée au feeling et sans tenir compte de la logorrhée de conseils de journaux et de chaînes de télévision spécialisés. Que faire dans ce cas ?

Répartir les placements est une bonne idée. Chaque mois, chaque trimestre ou même chaque année au même moment, achetez pour un montant fixe. En dépit de l'atmosphère du moment. Ce jour-là, nous vous laissez pas effrayer par les prophéties du type « le krach est proche », ne vous laissez pas emporter par les pronostics (ou paranostics) tels que « cette action va forcément décupler ». Et tenez-vous à ce montant fixe, qu'il s'agisse de 50, 1 000 ou 5 000 euros. Cela vous permettra d'acheter plus ou moins d'actions avec ce montant, en fonction de leur prix. Et vous affronterez sans mal cette sirène boursière perfide. Vous êtes trop malin pour elle. Bien joué !

 

Pierre Huylenbroeck est l’auteur de « Onsterfelijk beursadvies » (un ouvrage reprenant les meilleurs conseils boursiers de tous les temps) et de « Iedereen belegger » (la bible des petits investisseurs). Il est également l’éditeur du Mister Market Magazine, un magazine bimensuel en ligne pour apprendre à investir. Téléchargez gratuitement un numéro d’essai.

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