Rendre votre portefeuille d’investissement plus durable : trois étapes

En quête de rendement (plus élevé) ? Vous voulez faire la différence pour la planète ? Il est temps de redynamiser votre portefeuille sous-pondéré ? Peu importe la raison ou le motif qui vous pousse à rendre vos investissements plus durables : vous serez à nouveau totalement à la page en quelques étapes.

Étape 1 : qu’est-ce que l’investissement durable signifie pour moi ?

La première étape consiste à identifier vos valeurs et vos priorités personnelles.

En effet, l’investissement durable ne tient pas dans une seule case. Votre conception de la durabilité déterminera en grande partie la manière dont votre portefeuille prendra forme au final.

Le plus simple est de choisir une stratégie qui se rapproche le plus de vos convictions. Voici quelques stratégies populaires :

• Appliquer des critères d’exclusion. Cela signifie que vous écartez ou supprimez certaines entreprises, certains thèmes ou certains secteurs de votre portefeuille. Il s’agit généralement d’entreprises ou de secteurs liés aux combustibles fossiles, à l’aviation, à l’alcool, au tabac, aux armes et aux jeux de hasard. Bien entendu, c’est vous qui décidez jusqu’où vous voulez aller : un dilemme classique concerne les entreprises pétrolières qui commencent à investir dans les énergies renouvelables ou le stockage de CO2. L'un les exclura parce qu’une grande partie de son chiffre d’affaires provient toujours du pétrole. L’autre investira pour soutenir leur transformation.
• Appliquer les critères ESG. ESG signifie Environmental, Social and Governance. C'est-à-dire que vous n’investissez que dans des entreprises qui obtiennent un certain score sur les aspects environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance. À cet égard, il importe que ces trois facteurs soient équivalents. Par exemple, un investissement dans un fabricant d’éoliennes peut être bénéfique pour le climat mais si cela implique de faire travailler des enfants, si la forêt tropicale est abattue pour le balsa (essence de bois incorporée dans les pales) et si le fabricant corrompt les gouvernements, il n’est plus question d’investissement responsable. Dans le cadre de cette stratégie, vous pouvez sélectionner des entreprises selon une approche best in class : vous n’investissez alors que dans les entreprises ou les secteurs qui présentent les scores les plus élevés.
• Impact investing. Il s’agit de la forme « vert foncé » de l’investissement durable. Dans ce cadre, vous investissez uniquement dans des entreprises qui ont un impact positif concret et mesurable sur l’humain, l’environnement et la société. Au lieu d’une sélection négative, vous optez pour une sélection positive, dans le cadre de laquelle vous investissez dans des entreprises qui favorisent les pratiques durables. Il s’agit par exemple d’investissements dans des entreprises qui créent des solutions pour réduire les déchets ou qui développent des édulcorants alternatifs dans la lutte contre le surpoids.

Jusqu’à présent, nous avons décrit la durabilité d’un point de vue noble : « Je ne veux pas que mes investissements soient préjudiciables à la société ou à l’environnement » ou « Je veux avoir un impact positif grâce à mes investissements ». Vous pouvez aussi (ou en plus) investir durablement pour limiter les risques. En d’autres termes, les entreprises qui ne sont pas très attentives au climat risquent de perdre des clients. Les entreprises qui traitent mal leurs travailleurs risquent d’être touchées par l’agitation sociale. Enfin, les entreprises qui éludent l’impôt s'exposent à des amendes. En investissant de manière plus durable, vous risquez peut-être moins d'influencer le rendement de manière défavorable.

Étape 2 : vérifiez quelles positions de votre portefeuille correspondent encore à vos convictions

Une fois que vous avez déterminé le niveau auquel vous voulez placer la barre et la stratégie que vous voulez suivre, il est temps d’analyser votre portefeuille et de découvrir ce qu’il contient.

• Actions. En fonction de vos préférences en matière de durabilité, il existe différentes manières d’évaluer si une action mérite ou non une place dans votre portefeuille. Si vous avez beaucoup de temps, vous pouvez éplucher d’un œil critique les rapports de durabilité et les informations sur le site web des entreprises afin de vous forger votre propre jugement. Il est cependant beaucoup plus facile de consulter l’une des nombreuses plateformes de données qui calculent les scores ESG des entreprises. Vous voyez ainsi en un clin d'œil de quoi il retourne. Quelques exemples :
  • MSCI. Grâce à l’outil de recherche publique des notations ESG et de l’impact sur le climat, vous pouvez explorer plus de 2 900 entreprises de l’indice MSCI ACWI.
  • Sustainalytics. Cette base de données contient les données de plus de 14 600 entreprises cotées en bourse. Vous pouvez également voir comment une entreprise se comporte par rapport à d’autres entreprises du même secteur.
  • Refinitiv. Depuis 2021, les scores ESG de plus de 10 000 entreprises sont disponibles. Chaque entreprise se voit attribuer un score total, un score par pilier (E, S et G) et un score par catégorie au sein de chaque pilier.

Attention : ces ratings sont basés sur une méthodologie propre et non sur une norme universelle. Abordez donc les scores avec la réserve nécessaire et vérifiez le fonctionnement de la méthodologie. Il est donc tout à fait possible que l’entreprise X ait un score de 91 pour l’un et de 68 pour l’autre. La neutralité des chiffres devrait s’améliorer dans les années à venir, étant donné qu’un rapport standardisé sur le développement durable sera déployé pour les entreprises, du moins au niveau européen.

• Obligations. Pour les obligations, la situation est un peu plus compliquée. S'il est possible d'analyser des critères sur le plan de l’environnement, de la société et de la bonne gouvernance et de les appliquer aux actions, il devrait, normalement, en être de même pour les obligations d’entreprises et les obligations d’État. Pour ce faire, il existe également des indicateurs de durabilité mais, malheureusement, ces ensembles de données ne sont pas encore accessibles aux investisseurs particuliers ou le sont plus difficilement. Il n'y a donc rien d’autre à faire que d’effectuer soi-même une analyse. Pour les obligations durables (green bonds, blue bonds (liés à l’eau), climate bonds...), il reste également important d’examiner soi-même ce qu’il advient précisément de l’argent investi.

• Fonds de placement. Auparavant, les fonds avaient plus ou moins la liberté de se qualifier de « durables », « verts » ou « éthiques ». Ce n’est plus possible à présent. La politique d’investissement de chaque fonds (que vous trouverez dans le KIID) et le site Internet de la maison de fonds contiennent désormais des informations sur la politique de durabilité pratiquée. De cette manière, vous pouvez évaluer beaucoup plus facilement qu’avant si le produit répond à vos attentes en matière de durabilité. Ici aussi, il est important de rester critique. Certains gestionnaires de fonds utilisent leur propre méthodologie, en faisant référence à toutes sortes de critères et d’indices de durabilité. Le manque de transparence des fonds de placement gérés activement à propos des entreprises dans lesquelles ils investissent complique également la formulation d’un avis plus neutre. Pour les fonds de placement gérés passivement (trackers ou ETF) qui suivent un indice, vous pouvez savoir exactement dans quelles entreprises les investissements sont effectués.

Étape 3 : Quelles sont les solutions possibles ?

Maintenant que vous avez défini vos priorités individuelles et analysé la durabilité de votre portefeuille, il est temps d’apporter des changements.

Vous n’investissez peut-être pas uniquement parce que vous souhaitez que les choses évoluent dans la bonne direction. Vous le faites peut-être aussi pour obtenir un rendement. Outre vos préférences en matière de durabilité, vos préférences en matière de risque et de rendement restent (au moins) tout aussi importantes. Ne les perdez donc pas de vue. Si votre profil est plutôt défensif et que vous vous inquiétez lorsque vos investissements fluctuent souvent, investir uniquement en actions du secteur de l'énergie renouvelable n’est peut-être pas une bonne idée.

L’une des solutions consiste à analyser et à acheter soi-même des titres individuels. Vous pouvez le faire à l’aide des outils de l’étape deux (mais ne vous y fiez pas aveuglément). Si vous n’avez pas le temps ou l’envie de passer au crible les actions et/ou les obligations, les trackers et/ou les fonds d’investissement peuvent constituer une solution alternative facile. Vous gagnez du temps et, grâce à ces produits, vous investissez d’un seul coup dans des dizaines, voire des centaines d’entreprises. D’autre part, vous devez toujours vérifier si les critères de durabilité et les filtres utilisés correspondent à vos préférences.

À la recherche d’idées pour des fonds d’investissement durables ? Sur towardssustainability.be, vous pouvez sélectionner des fonds à l’aide de la fonction de recherche sur la base de différents critères. Le screening ESG de Morningstar constitue une solution alternative.