Du DICI au DIC : nouvelles règles, meilleures décisions d’investissement
Keytrade Bank
keytradebank.be
17 février 2023
5 minutes à lire
Grâce aux nouvelles règles européennes, vous aurez désormais une vision beaucoup plus concrète des frais des fonds de placement. Ce n’est pas tout : d’autres changements ont été introduits, toujours pour vous permettre de prendre des décisions mieux fondées lorsque vous envisagez d’acheter un fonds.
Vous l’avez peut-être déjà remarqué : quand vous voulez investir dans un fonds, vous devez d’abord lire une série de documents avant de pouvoir appuyer sur le bouton d’achat. L’Europe oblige les fournisseurs de produits financiers complexes (comme les fonds d’investissement) à vous informer en détail avant de vous laisser investir dans leurs produits. Pourquoi les conditions sont-elles moins strictes pour l’achat d’une action simple ? C’est facile à expliquer : quand vous achetez une action d’AB Inbev, vous êtes probablement bien au courant de la nature de votre investissement. Mais si vous achetez un fonds appelé Multiple Opportunities, il y a moins de chances que vous sachiez immédiatement dans quoi vous investissez exactement ou quelle est la stratégie du fonds.
Les informations principales en résumé
Quand vous voulez acheter un fonds, vous devez d’abord indiquer que vous avez pris connaissance des informations fournies. L’un des documents que vous êtes supposé lire au préalable est le prospectus, généralement un fichier PDF imposant. Ce prospectus expose entre autres la stratégie du fonds (souvent avec beaucoup de jargon et de clauses de limitation de responsabilité). Heureusement, l’Europe oblige aussi les gestionnaires de fonds à rédiger une fiche produit pour les investisseurs particuliers. Ce document vous fournit des informations sous un format condensé, plus facile et plus rapide à assimiler. Les fiches produit sont une sorte de passeport du fonds, qui vous permettent de découvrir en quelques minutes ses principales caractéristiques et ses principaux risques. En outre, les fiches produit sont standardisées, pour que vous puissiez facilement comparer des fonds entre eux. Jusqu’il y a peu, les fiches produit s’appelaient officiellement des DICI (ou KIID en anglais) : Document d’informations clés pour l’investisseur (Key Investor Information Document). Depuis début 2023, ces DICI ont été supprimés et remplacés par les DIC (KID), ou Document d’informations clés tout court.
Du DICI au DIC : quatre grands changements
L’idée qui sous-tend le DIC est toujours la même : il s’agit de vous expliquer de manière succincte la nature du produit dans lequel vous envisagez d’investir. Mais plusieurs changements importants y ont été apportés, à la fois sur le plan du contenu et de la forme. Le DIC compte une page de plus que son prédécesseur (trois au lieu de deux) et il y a désormais huit rubriques au lieu de six. Voici les principales nouveautés.
1. Plus de détails sur les frais
Les frais d’un fonds de placement peuvent écrémer une part importante du rendement. C’est pourquoi le nouveau DIC permet aux investisseurs de mieux comprendre l’impact potentiel de ces frais. Comme avant, les éventuels frais d’entrée et de sortie, les frais courants et les commissions de performance doivent être mentionnés. Mais alors que jusqu’ici, ces frais étaient formulés en pourcentages, ils sont désormais aussi indiqués en montants absolus. De plus, l’impact des coûts doit être montré sur différentes périodes. Ces modifications rendent les frais beaucoup plus transparents et tangibles.
2. Rendement potentiel futur plutôt que rendement historique
Dans l’ancien DICI, vous pouviez consulter les performances passées du fonds, jusqu’à dix ans en arrière. Mais évidemment, cette approche était susceptible d’influencer les attentes des investisseurs, car les performances passées ne sont pas une garantie pour l’avenir. Par exemple, il se peut très bien qu’un fonds sous-performe pendant cinq ans pour ensuite connaître trois années glorieuses (ou inversement). C’est pourquoi ces performances historiques ont été supprimées dans le nouveau DIC. Il est désormais orienté vers l’avenir, avec une estimation du potentiel de rendement futur dans divers scénarios : un scénario de stress, un scénario pessimiste, un scénario moyen et un scénario positif. Pour chaque scénario, le rendement potentiel doit être indiqué sur plusieurs années : après un an et à la fin de l’horizon de placement recommandé.
Attention, il s’agit d’estimations. Les montants et pourcentages indiqués ne constituent donc certainement pas une garantie. La question se pose naturellement : sur quoi les fonds se basent-ils pour calculer ces rendements potentiels futurs ? La réponse est malheureusement quelque peu décevante… L’autorité de contrôle financier a en effet indiqué que les attentes devaient être basées sur les performances passées (jusqu’à 10 ans en arrière). Ces projections sont donc à prendre avec un grain de sel.
3. Durée d’investissement recommandée (horizon de placement)
Le DIC vous indique désormais la durée pendant laquelle il est conseillé de conserver le fonds de placement en portefeuille avant de le vendre, autrement dit, la durée pendant laquelle vous devriez rester investi(e) pour obtenir – statistiquement – un rendement positif. Ainsi, vous pouvez faire un choix mieux adapté à vos projets d’avenir financiers.
4. Autre méthode de calcul du niveau de risque
Comme l’ancien DICI, le nouveau DIC vous présente un indicateur de niveau de risque sur une échelle de 1 à 7. Auparavant, ce risque était calculé d’après les fluctuations passées des cours. Une très faible volatilité se traduisait par un 1 et une volatilité extrêmement élevée par un 7. L’inconvénient de cette approche est qu’elle est incomplète. En effet, la volatilité n’est qu’un des nombreux aspects du risque. Le nouveau DIC applique donc une autre méthode de calcul. Le score intègre désormais non seulement la volatilité historique, mais aussi le risque de crédit, c’est-à-dire la probabilité que le gestionnaire du fonds ne puisse pas rembourser les investisseurs.