Aller à la navigationAller à la connexionAller au contenu

Les pays peuvent-ils faire faillite ?

Keytrade Bank logo

Keytrade Bank

keytradebank.be

Les particuliers ou les entreprises qui ne sont plus capables de rembourser leurs dettes peuvent être déclarés en faillite. Cela signifie que leur patrimoine fait l'objet d'une saisie judiciaire et qu'ils perdent le contrôle de leurs avoirs. Dans la pratique, une décision aussi drastique ne se prend pas sur un coup de tête. Souvent, un plan de remboursement sera d'abord mis en place si les dettes ne sont pas acquittées en temps et en heure. Si cette mesure ne permet pas au débiteur de s'en sortir, il risque la faillite. Cette situation ne doit pas nécessairement s'éterniser. Quiconque est déclaré en faillite peut en principe démarrer une nouvelle activité. Mais le juge peut également l'interdire.

Alors que les particuliers et les entreprises vont parfois (être contraints de) renoncer, c'est un peu plus compliqué pour un pays. Supposons que la Belgique ne puisse plus payer ses dettes aux Pays-Bas. Les Pays-Bas auront-ils alors le contrôle de la Belgique ? Maxima et Willem-Alexander se verront-ils attribuer une résidence secondaire à Laeken ? Et le Wilhelmus deviendra-t-il notre nouvel hymne national ?

En faillite sans être en faillite

La probabilité que cela se produise est plutôt faible. Pourtant, les pays peuvent bel et bien faire faillite. Et même à plusieurs reprises. Des pays comme l'Équateur, le Venezuela, le Brésil, le Costa Rica, l'Uruguay et l'Argentine ont tous fait faillite au moins 9 fois (vous lisez bien, neuf fois !) au cours des 200 dernières années. Et plus près de chez nous aussi, plusieurs pays ont déjà fait faillite au moins une fois : c'est le cas de la Grèce, du Danemark,de l'Allemagne, de la France, de l'Espagne (plus de 15 fois) et du Portugal, pour ne citer qu'eux. La Belgique n'a encore jamais fait faillite depuis sa création en 1830.

La grande différence avec les entreprises et les particuliers, c'est que la faillite d'un pays est aujourd'hui une faillite purement technique, également appelée situation de défaut de paiement. Alors que dans un passé lointain, un pays en faillite était parfois contraint par un autre de céder des terres, par exemple, la donne est différente aujourd'hui. Lorsqu'un pays est en défaut, les biens publics ne peuvent pas être saisis par le créancier ; le pays ne peut pas non plus être forcé de payer ses dettes avec de l'argent dont il ne dispose pas. Pour les avoirs nationaux qui se trouvent à l'étranger, la situation est quelque peu différente. Ainsi, en 2012, un navire argentin a encore été saisi au Ghana parce que l'Argentine s'était déclarée en défaut.

Qui peut sauver la situation ?

Lorsqu'un pays n'est plus en mesure de payer ses factures, c'est généralement le FMI (Fonds monétaire international) qui intervient. Il peut par exemple remettre une partie de la dette publique du pays ou lui accorder des prêts d'urgence. Bien entendu, ces mesures sont soumises à certaines conditions. Le pays est souvent obligé de procéder à un grand assainissement des finances publiques. Une remise des dettes par le FMI ne signifie par ailleurs pas que tous les créanciers sont d'accord. Car une annulation de certaines dettes d'un pays par le FMI est évidemment synonyme de perte financière pour un autre pays. Après de nombreux méandres juridiques et diplomatiques, les parties prenantes finissent cependant toujours par trouver une « solution », comme ce fut par exemple le cas avec le sauvetage de la Grèce.

En 2021, les pays ne font donc plus « véritablement » faillite. Les enjeux sont trop importants. Qu'il s'agisse des flux de capitaux, des investissements ou des intérêts financiers et géopolitiques, de nos jours, ils ne s'arrêtent plus aux frontières nationales. L'économie mondiale est désormais si étroitement imbriquée qu'une véritable faillite déclencherait une réaction en chaîne. Tous finissent donc toujours par trouver une solution (créative s'il le faut...).

Cela signifie-t-il qu'un pays peut simplement continuer à accumuler les dettes et enchaîner les défauts de paiement ? En principe oui, mais c'est le pays, et surtout les habitants et les entrepreneurs, qui en paient la facture. Les prêts d'urgence et l'apurement de la dette ont en effet aussi un prix. Souvent, cela entraîne que le pays en question est placé sous une sorte de tutelle. Il ne reçoit plus d'argent que s'il met de l'ordre dans ses affaires. Cela a évidemment une incidence importante sur les personnes qui y habitent, qui y travaillent et qui y ont une entreprise. En effet, un assainissement est généralement synonyme d'augmentations d'impôts, d'appauvrissement accru, de croissance du chômage, de chaos et de perte de pouvoir d'achat. Au final, ce sont donc les citoyens qui font les frais de la mauvaise gestion de leurs dirigeants.

Quid de la Belgique ?

Notre gouvernement n'a-t-il pas aussi beaucoup de dettes ? Absolument. Mais ce n'est pas parce qu'un pays a beaucoup de dettes que le risque de faillite est plus élevé. Prenez le Japon. Ce pays présente un ratio de dette publique (dette comparée au produit intérieur brut) plus élevé que le Soudan, par exemple (264 % contre 251 %, selon le FMI). Mais comme le Japon finance surtout ses dettes dans son propre pays par le biais de banques, de fonds de pension et de sa propre banque centrale, nous ne devons pas nous attendre à ce qu'il fasse faillite dans un avenir proche. Les Japonais sont en outre de gros épargnants, et le pays dispose d'un excédent sur le compte courant.

Début 2021, la dette publique belge s'élevait à quelque 430 milliards d'euros. Mais plutôt que de regarder le montant de la dette, mieux vaut s'intéresser au rapport entre les dettes et le PIB, à l'identité des créanciers, au montant des intérêts qui sont payés, à la dépense sous-jacente (investissements ou consommation), etc. Quant à savoir si la Belgique se trouve dans une zone à risque ou non, chaque économiste a un avis à ce sujet. Tous s'accordent toutefois pour dire que le risque de faillite est aujourd'hui faible. À titre de référence, selon le FMI, la dette publique de la Belgique s'élève à 117 % du PIB, alors que la dette publique mondiale représente actuellement 105 % du PIB mondial.

Les États-Unis de la dette

Et qu'en est-il des États-Unis, dont on dit souvent qu'ils sont « virtuellement en faillite » ? Selon le FMI, les autorités américaines ont une dette de 133 % du PIB. Mais dans ce cas aussi, tout n'est pas tout noir ou tout blanc. Sur les plus de 27 000 milliards de dollars de dettes publiques, moins d'un tiers est entre des mains étrangères. La plupart des dettes figurent simplement au bilan de la Réserve fédérale, la banque centrale des États-Unis. Depuis toujours, celle-ci achète massivement des titres de créance des autorités américaines, qu'elle paie entre autres en fabriquant de l'argent. Comme vous pouvez le constater, lorsqu'il s'agit de dettes souveraines, il existe une solution créative à chaque problème.

Cette communication ne contient ni un conseil d’investissement ou recommandation, ni une analyse financière. Aucune des informations contenues dans cette communication ne doit être interprétée comme ayant une valeur contractuelle d’aucune sorte. Cette communication n’est produite qu’à des fins indicatives et ne constitue en aucun cas une commercialisation de produits financiers. Keytrade Bank ne pourra être tenue responsable des décisions prises sur la base des informations contenues dans cette communication, ou de son utilisation par un tiers. Avant d’investir dans des instruments financiers, veuillez vous informer en bonne et due forme et lire attentivement le document « Aperçu des caractéristiques et risques essentiels des instruments financiers » que vous trouverez dans la section « Documents » sur keytradebank.be.

D'autres articles qui pourraient vous intéresser