Le facteur chance pour un investisseur
Keytrade Bank
keytradebank.be
26 novembre 2019
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Vous faites du trading avec un certain objectif et avec une certaine stratégie. Et aussi avec une petite pointe de chance.
Vous avez embarqué le 9 mars 2009 sur le S&P500 ? Alors vous êtes chanceux. Ce jour-là, l’index star américain atteint son point le plus bas depuis l’éclatement de la crise de 2008. Bien que des creux intermédiaires aient encore suivi, la situation a bien évolué pendant 10 ans. La connaissance, la discipline, la perspicacité, le travail, l’esprit d’analyse, une bonne vision… ce sont plusieurs éléments que l’on peut associer à un investissement réussi. Mais en quoi le facteur chance joue un rôle ? Comme, pourquoi vous avez investi en ce jour précis du 9 mars 2009 ?
« Comme pour le sport, les entreprises ou l’investissement : vous ne pouvez pas nier que la chance contribue au succès au même titre que les compétences », explique Marc De Ceuster, professeur d’économie à l’Université d’Anvers. « Vous avez d’un côté les jeux de hasard comme la roulette et de l’autre côté ceux de réflexion comme les échecs, investir est quelque part entre ces deux-là. »
« Investir, on le fait sur le long terme et les mouvements de la bourse ne facilitent pas le jeu » continue-t-il. « Par cette imprévisibilité, la chance joue indéniablement un rôle pour l’investissement. »
Tout le monde est le meilleur conducteur
D’autres facteurs démontrent que la chance influence le succès ou l’échec sur la bourse. « Les investisseurs attribuent généralement leurs bons résultats à leurs propres compétences. Ou ont tendance à surestimer leur rôle dans certains résultats. Vous pouvez également remarquer cette confiance excessive sur la route. La majorité des conducteurs trouvent qu’ils roulent mieux que la moyenne. Lorsqu’on regarde les statistiques, pas plus de la moitié ne roule mieux que la moyenne. C’est la même chose pour les investisseurs. Au moment où les gens font des estimations, ils ont tendance à surestimer leurs compétences et leurs rendements éventuels et à sous-estimer les risques. Les succès sont réduits à leur propre capacité. Les revers sont minimisés ou la faute du "marché boursier". Alors que dans ce cas, c’est précisément le facteur "chance" qui détermine en grande partie le succès d’un investissement. »
La même chose pour la manière dont nous estimons les chances. « Imaginez que vous faites un voyage en bus avec 40 personnes (sans jumeaux à bord). Quelles sont les chances pour que deux personnes aient la même date de naissance ? La plupart des personnes vont estimer cette probabilité à très bas. Mais ce que l’on oublie est que nous nous pouvons comparer chaque voyageur individuellement avec chaque autre voyageur individuellement. Cela fait qu’il y a en réalité 89% de chance que 2 personnes du bus partagent la même date d’anniversaire. », explique Marc De Ceuster. « C’est la même chose pour l’investissement. Nous pensons pouvoir estimer correctement les opportunités, alors que nous nous trompons souvent. Ici aussi existe le facteur chance qui détermine en grande partie si un investissement sera un succès ou un échec. »
2 stratégies
Comme nous investissons dans des fonds ou via des gestionnaires d’actifs, nous payons une rétribution pour les compétences du gestionnaire, pas pour sa probabilité à avoir de la chance. « Mais ici aussi c’est très difficile à dire : quel gestionnaire tient ses succès à la chance et lequel à ses compétences ? », continue Marc De Ceuster. « L’exclusion du facteur chance est au cœur de l’analyse d’investissement ; l’investissement est, dans cette optique, très intéressant parce qu’il est difficile de construire un portefeuille qui fait mieux que l’indice de référence. Et c’est aussi très difficile de construire un portefeuille qui fait moins bien que l’indice de référence. »
Vous n’aurez jamais complétement la chance entre vos mains. Mais, selon le professeur Marc De Ceuster, il y a bien 2 stratégies faciles à appliquer qui vous aident à éliminer le facteur (mal)chance :
- Diversification. Vos investissements se répartissent sur différentes classes d’actifs (actions, obligations, …), secteurs, thèmes ou zones géographiques, et se répartissent aussi dans la durée.
- Discipline. L’investissement est un marathon, pas un sprint. Entrer et sortir constamment ou vous laisser dicter par votre instinct est souvent néfaste. Choisir des fonds ou un gestionnaire de portefeuille peut être une valeur ajoutée significative, parce que les gestionnaires professionnels peuvent donner une touche personnelle et se laissent beaucoup moins submerger par les émotions sur le marché.