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Catastrophes naturelles : leur impact sur l’économie et les marchés

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Les tremblements de terre qui ont frappé la Turquie et la Syrie début février ont entraîné un lourd bilan humain. Les derniers chiffres font état de plus de 50 000 morts et plus de 100 000 blessés. En outre, plus de 9 millions de personnes sont directement touchées, parce que leur habitation a été détruite ou parce qu’elles ne peuvent plus faire leur travail. D’après les Nations Unies, il faudrait 1 milliard de dollars pour répondre aux besoins les plus urgents. Bien que plusieurs pays se soient déjà engagés à fournir plus de 550 millions de dollars, seulement 165 millions de dollars ont effectivement été mis à disposition (situation le 20 mars 2023).

Combien coûtera la reconstruction ?

Les dégâts infrastructurels sont immenses. Selon une estimation, le séisme a démoli plus de 210 000 bâtiments en Turquie (soit plus de 600 000 logements). En Syrie, une région ravagée par la guerre civile depuis déjà plus de 10 ans, plus de 10 000 bâtiments auraient été détruits, sans compter les routes, les conduites d’eau et d’autres infrastructures publiques. Les Nations Unies estiment que les dégâts matériels en Turquie dépassent 100 milliards de dollars. Selon la Banque mondiale, les dégâts en Syrie se chiffrent à 5,1 milliards de dollars.

Quel est l’impact sur l’économie et la croissance en Turquie ?

Le séisme a fait s’effondrer une grande partie de l’économie turque. Pas moins de 16 % de la population active travaillait dans la zone touchée. L’agriculture et l’industrie textile sont des piliers de l’économie locale : avant la catastrophe, la région représentait 11 % de la production industrielle nationale et 14 % de la production agricole. Bien que l’activité économique régionale ait repris, la normalisation prendra des années.

Quant à l’impact du séisme sur la croissance économique de la Turquie, les avis sont partagés. Selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, le PIB de la Turquie perdra maximum 1 % cette année. Ce chiffre est considéré comme une « estimation raisonnable », compte tenu de l’effet attendu de la reconstruction plus tard dans l’année. L’agence de notation Moody’s adopte une vision plus positive. Un mois après le tremblement de terre, elle revoyait à la hausse ses perspectives de croissance pour la Turquie, de 2 à 2,3 % en 2023 et de 3 à 4 % en 2024. Pour étayer son point de vue, l’agence renvoie aussi à la reprise économique due aux activités de reconstruction.

Qu’en est-il de la situation économique à plus long terme ?

Bien qu’il semble cynique de le faire remarquer, les catastrophes naturelles entraînent généralement un regain d’activité, à la fois dans le secteur de la construction et dans l’économie au sens large. Il y a non seulement des besoins importants en béton et en acier, mais aussi en nouveaux équipements dans les hôpitaux, en nouveaux meubles dans les habitations, en nouvelles machines dans les usines… Cependant, ce coup de fouet économique (temporaire) suffit-il à compenser les pertes ?

Selon une étude récente sur l’impact des catastrophes naturelles sur la croissance économique, la réponse est non : les taux de croissance supérieurs à la moyenne ne rattrapent pas les pertes subies. L’étude a évalué l’impact économique de plus de 12 000 « petites » et « grandes » catastrophes naturelles survenues entre 1970 et 2019. L’année de la catastrophe, les chercheurs estiment que les pertes moyennes s’élèvent à 2,1 à 3,7 points de pourcentage du PIB. Or les taux de croissance moyens des années qui précèdent la catastrophe et des années qui suivent ne sont pas statistiquement différents, ce qui signifie que les catastrophes naturelles n’ont pas d’impact à terme sur la croissance économique. L’impact des catastrophes naturelles sur la croissance semble plus important pour les pays les plus pauvres, ce qui permet de conclure que leur effet dépend aussi du degré de développement économique.

Les dommages économiques dus aux catastrophes naturelles sont plus importants que par le passé : mythe ou réalité ?

Ces dernières décennies, plusieurs catastrophes naturelles ont provoqué des dommages énormes. Pensez aux tremblements de terre à Northridge (États-Unis – 1994) et Kobe (Japon – 1995), au tsunami en Asie (2004), aux ouragans comme Katrina (États-Unis – 2005) et Harvey (États-Unis – 2017), ou encore au tremblement de terre et au tsunami au Japon (2011). En plus du coût humain, ces cataclysmes ont entraîné des centaines de milliards de dollars de pertes économiques. À elle seule, la catastrophe naturelle que le Japon a subie en 2011 – avec pour conséquence un incident nucléaire – a provoqué pour 220 milliards USD de dommages, ce qui en fait la plus onéreuse jamais enregistrée.

Corrigées de l’inflation, les pertes totales dues aux catastrophes naturelles ont bel et bien augmenté au cours des dernières décennies. Depuis les années 80, le nombre de catastrophes naturelles qui ont provoqué des pertes considérables a été multiplié par trois. Cette évolution est principalement due à la croissance de la population (plus il y a de personnes dans une zone sinistrée, plus les pertes sont importantes) et à la croissance économique (qui augmente la prospérité, et donc le nombre de biens et d’infrastructures susceptibles d’être endommagés). À l’avenir, les catastrophes naturelles pourront aussi devenir plus fréquentes et/ou plus intenses en raison du réchauffement climatique, ce qui ne fera qu’aggraver leurs dégâts économiques.

Quels sont les effets des catastrophes naturelles sur la bourse ?

Après les séismes, la bourse turque (indice Borsa Istanbul 100) a perdu 16 %, ce qui s’est traduit par des pertes jusqu’à 35 milliards de dollars. Les autorités sont intervenues et ont fermé la bourse pendant quelques jours. À la réouverture, les marchés ont entièrement rebondi. C’est notamment dû au fait que les autorités turques ont obligé les fonds de pension à augmenter leur exposition aux actions et ramené une taxe de 15 % sur les rachats d’actions à 0 %. En outre, la panique initiale des investisseurs a fait place à de l’intérêt pour les opportunités liées à la reconstruction. De ce fait, à peine 10 jours après les tremblements de terre, la bourse a retrouvé son niveau d’avant la catastrophe.

Le scénario de marché qui s’est joué en Turquie – une chute rapide suivie d’une reprise tout aussi vigoureuse – n’est pas universel. En 2005, par exemple, l’ouragan Katrina a causé plus de 150 milliards USD de dégâts matériels, mais le S&P 500 est resté stoïque. En fait, l’indice a même gagné 1,1 % cette semaine-là. À l’inverse, après le cataclysme de 2011 au Japon, le Nikkei 225 a plongé dans le rouge et a mis près de 20 mois à se rétablir. Historiquement, il n’y a donc pas de conclusion univoque à tirer en ce qui concerne l’impact des catastrophes naturelles sur les performances boursières. Selon une autre étude qui a mesuré l’impact des catastrophes naturelles dans plus de 100 pays et sur 27 bourses, l’effet est principalement fonction du type de catastrophe et du lieu où elle se produit. Ainsi, les catastrophes biologiques (comme les épidémies et les pandémies) ont un impact plus important sur les marchés que les catastrophes géologiques (tremblements de terre, éruptions volcaniques). En revanche, ces dernières ont plus d’impact que les inondations. La même étude indique que les marchés européens sont les plus sensibles à l’impact des catastrophes naturelles, suivis par les marchés américain et asiatique. Enfin, une autre étude a découvert que les retombées des catastrophes naturelles sur les marchés sont souvent concentrées au niveau régional. De manière générale, elles contaminent rarement les bourses étrangères.

En fin de compte, il s’avère que les « catastrophes » les plus dangereuses pour la continuité des marchés sont celles qui ont une origine humaine : pensez au krach de Wall Street en 1929 ou à la crise financière de 2008.

En tant qu’investisseur, comment pouvez-vous vous positionner au mieux pendant et après une catastrophe naturelle ?

La panique est rarement bonne conseillère. Historiquement, les marchés financiers se montrent très résilients : malgré l’ampleur du choc initial provoqué par une catastrophe naturelle, ils finissent par se rétablir, parfois très vite (comme récemment en Turquie), parfois plus lentement (comme les actions japonaises après le désastre de 2011). Après tout, aussi cynique que cela puisse sembler, les catastrophes naturelles créent aussi des opportunités d’investissement. De plus, les gouvernements et les banques centrales peuvent intervenir pour stabiliser l’économie en prenant des mesures financières, fiscales et monétaires qui contribuent à réduire l’impact négatif sur les marchés. Pour les investisseurs à long terme, garder la tête froide peut donc être une bonne stratégie.

Bien entendu, si vous avez investi dans une région donnée qui a été touchée par une catastrophe, l’inaction n’est pas sans risque, surtout à court terme : les cours peuvent s’effondrer et mettre du temps à se redresser. Ajoutons à cela que les catastrophes naturelles peuvent gravement perturber l’économie et la confiance des consommateurs au niveau régional ou national, ce qui peut entraîner une baisse de l’activité des entreprises et nuire à la valeur de votre investissement à plus long terme. Pour les investisseurs qui ont un horizon de placement long et un portefeuille diversifié, il est sans doute judicieux de se concentrer sur le rendement potentiel qui peut aller de pair avec la reprise du marché après une catastrophe. La diversification géographique des actifs permet aussi de limiter le risque d’exposition à des catastrophes naturelles. En revanche, les investisseurs qui ont un horizon de placement beaucoup plus court et un portefeuille fortement concentré dans la région touchée peuvent envisager de réduire leurs positions. Cette approche risque de leur faire manquer la reprise à long terme, mais a l’avantage potentiel de leur permettre de limiter leurs pertes.

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