Quels secteurs envisager après le dernier relèvement des taux ?
Geert Van Herck
Chief Strategist KEYPRIVATE
23 octobre 2023
2 minutes à lire
Malgré la baisse de l’inflation, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, ne semble pas prêt à appuyer sur le bouton pause dans sa politique monétaire. Les investisseurs en actions attendent avec impatience le dernier relèvement des taux. Même s’il semble probable que ce sera pour le dernier trimestre de cette année, une question demeure :
quelle est la stratégie optimale pour les investisseurs en actions ?
Les décisions de politique monétaire ont un impact majeur sur les marchés des actions. Une politique souple stimule l’économie mondiale, ce qui profite à la croissance économique et aux bénéfices des entreprises. En revanche, une politique stricte, avec plusieurs relèvements des taux à court terme, refroidit les investisseurs, car les perspectives de croissance s’en trouvent réduites et les bénéfices des entreprises sont sous pression.
Et c’est précisément ce que nous avons connu ces dernières années : aux États-Unis comme au Royaume-Uni et dans la zone euro, les banques centrales ont relevé les taux d’intérêt à court terme pour freiner l’économie et dompter l’inflation.
De plus en plus d’économistes et de stratèges des marchés prédisent la fin imminente de cette période « agressive » de relèvements réguliers des taux. Cela aurait pour effet d’atténuer la nervosité sur les bourses. Selon une étude récente de la banque d’affaires américaine JPMorgan, il y aurait aussi une baisse des taux à long terme.
Le graphique 1 illustre clairement qu’un dernier relèvement des taux aux États-Unis entraîne toujours un renversement de la tendance sur le marché obligataire. C’est une bonne nouvelle pour les bourses, car une baisse des taux d’intérêt encourage les investisseurs à placer leur argent en actions.
Graphique 1 : Taux américains à long terme avant/après le dernier relèvement des taux
Source : JPMorgan
Cette analyse donne des informations précieuses aux investisseurs. En effet, l’histoire nous apprend qu’une baisse des taux d’intérêt à long terme favorise les secteurs plus défensifs. Cela s’explique d’ailleurs facilement. Une période de resserrement monétaire a pour but de refroidir l’économie, ce qui crée un environnement défavorable aux entreprises fortement cycliques, comme les producteurs de matières premières ou d’énergie, puisque la demande de pétrole, de cuivre et de minerai de fer diminue quand la croissance économique s’affaiblit.
En revanche, les secteurs défensifs peuvent afficher de bonnes performances boursières. Citons par exemple les entreprises alimentaires ou pharmaceutiques, qui ont des revenus stables même quand l’économie se porte moins bien, car elles produisent des biens de consommation de base. Le graphique 2 montre que du point de vue historique, ces secteurs (Staples et Healthcare) affichent de bonnes performances dans la période de six mois qui suit un dernier relèvement des taux. De même, les actions à dividendes typiques du secteur immobilier (Real Estate) ou du secteur des services aux collectivités (Utilities : pensez aux sociétés comme Engie) enregistrent de bons résultats, parce que la baisse des taux à long terme rend les coupons des nouvelles obligations moins attrayants par rapport au rendement de dividende de ces deux secteurs.
Graphique 2 : Performances sectorielles 6 mois après le dernier relèvement des taux
Source : JPMorgan
Notre conclusion
La fin du cycle de resserrement monétaire actuel pourrait restaurer le calme parmi les investisseurs en actions. L’analyse historique révèle que la période qui suit un dernier relèvement des taux favorise les secteurs défensifs, surtout par rapport aux actions cycliques. À la lumière de l’environnement de marché actuel, il vaut peut-être la peine de réduire une exposition excessive aux actions cycliques dans votre portefeuille pour investir un peu plus dans des titres défensifs.