Un cours sur les krachs boursiers
Keytrade Bank
keytradebank.be
12 octobre 2022
5 minutes à lire
Un krach boursier peut peser lourdement sur le rendement de votre portefeuille (et sur votre humeur). Que devez-vous savoir sur les krachs boursiers et que pouvez-vous faire si vous craignez qu’un krach se produise ?
1. Il est impossible d’éviter un krach
Tout comme l’économie a parfois besoin de se débarrasser des entreprises malsaines, la bourse doit aussi régulièrement subir une cure de désintoxication si les valorisations sont trop élevées et/ou si les investisseurs commencent à adopter un comportement maniaque. Une forte baisse s’impose donc à temps.
Les krachs sont intemporels. La Grande Dépression (1929), le Black Monday (1987), l’éclatement de la bulle des dotcoms (2001), la crise financière (2008) et, plus récemment, la pandémie (2020) : ces krachs sont peut-être encore (frais) dans les mémoires. Les krachs n’étaient pas rares avant aussi, au dix-huitième siècle.
Malgré toutes ces turbulences, les marchés ont toujours rebondi et ça, c’est une bonne nouvelle. C’est une maigre consolation lorsque votre portefeuille chute de 20 %, voire 30 %, mais il est important d’en tenir compte malgré tout. Les têtes pensantes de Credit Suisse ont calculé que, depuis 1900, les investisseurs diversifiés en actions pouvaient, jusqu’à présent, compter sur un rendement annuel moyen de 5,3 % (en USD). Soit un rendement réel de 5,3 %, c’est-à-dire après déduction de l’inflation. Ce n’est donc pas mal, malgré toutes les guerres (mondiales), pandémies, crises... qui sont survenues depuis 1900.
Un exemple plus récent ? En 2008, les personnes qui ont commencé à investir la veille de la chute de Lehman Brothers n’auraient pas pu choisir un meilleur timing. Si vous aviez opté pour un investissement qui suivait le MSCI World, vous seriez passé dans le rouge de 30 à 50 % les mois suivants, en fonction de la devise dans laquelle vous déteniez votre investissement. À première vue, c’était plus que fâcheux... Mais si vous aviez conservé votre placement, il aurait entre-temps plus que quadruplé !
Conclusion ? Les krachs boursiers n’ont en fait que peu d’impact pour les personnes qui investissent de manière diversifiée et sur le long terme.
2. Quand, quelle gravité et pendant combien de temps ?
Tout le monde a son avis sur la bourse. Vous pouvez donc trouver, chaque jour, un nouvel oiseau de mauvais augure annonçant l’effondrement de la bourse. Par exemple, Nouriel Roubini, l’économiste bien connu qui avait prédit un krach en 2008, reste rarement un an sans annoncer un nouveau sinistre. Les prophètes du krach auront parfois raison... mais aucun ne parvient à prédire un krach de manière cohérente. Il ne s’agit pas d’une science exacte.
Combien de temps faudra-t-il avant la reprise ? Lors du krach de 2020, l’indice phare américain S&P500 n’a eu besoin que de cinq mois pour se redresser complètement. Autre extrême : lors du krach de 1929, le précurseur du S&P500 a mis pas moins de 22 ans à se hisser à son ancien niveau nominal (donc sans tenir compte de l’inflation). Les calculs de Goldman Sachs pour la période 1835-2020 montrent qu’il a fallu39 mois (médiane) pour que le niveau initial du S&P500 soit à nouveau atteint (nominal). Ces chiffres n’ont pas non plus de valeur prédictive. Personne ne peut prédire combien de temps la bourse restera en négatif lors du prochain krach.
Quelle est la gravité d’un krach ? C’est également impossible à prévoir. Nous parlons d’un krach en cas de baisse rapide et dramatique d’un marché d’actions. La plus forte baisse du S&P500 sur un jour a été de -20,47 % (19/10/1987). On parle de marché baissier lorsque les pertes de cours d’un indice sont supérieures à -20 % par rapport au dernier pic. Le plus grand marché baissier a eu lieu durant la période 1929-1932, avec une baisse de -85 %.
Conclusion ? Cela n’a aucun sens de chronométrer un krach. Personne ne peut prédire de manière cohérente l’arrivée du prochain, sa durée, ni sa gravité. Au lieu d’anticiper un krach (et d’entrer et de sortir en bourse en permanence), il est généralement plus judicieux de conserver simplement ses investissements.
3. Vous craignez un éventuel krach ? Quelques astuces !
Même si vous savez que les marchés se redressent et que cela n’a pas de sens de les chronométrer : si la situation s’effondre effectivement, votre instinct vous dictera peut-être d’intervenir (et de vendre vos placements). Pour éviter d’être tenté de le faire, voici quelques conseils :
Vérifiez régulièrement si vos placements correspondent toujours aux risques que vous pouvez et que vous souhaitez prendre. Certains événements peuvent vous amener à réduire ou à augmenter certains risques. Par exemple, si vous partez bientôt à la retraite, si votre situation familiale ou professionnelle change, si vous avez reçu une donation ou un héritage... Faites cet exercice une fois par an. Votre portefeuille est-il conforme à votre appétence et à votre aversion au risque, à vos connaissances financières, à votre horizon de placement... ? Dans l’affirmative, vous risquez peut-être d’être de mauvaise humeur en cas de krach mais, dans l’absolu, la situation devrait vous laisser plus ou moins indifférent.
À moins qu’investir ne soit votre profession ou votre grande passion, mieux vaut vous abstenir de lire le Wall Street Journal tous les jours, d’écumer les forums boursiers et d’analyser les graphiques des cours. Vous risquez juste de vous inquiéter pour pas grand-chose. Cela augmente le risque de prendre des décisions impulsives. Une manière amusante de se débarrasser de cette envie est de lire les actualités boursières datant d’une semaine ou d’un mois. Prenez du recul et concentrez-vous sur le long terme. Suivez régulièrement les performances de vos investissements mais pas en permanence (par exemple tous les trois mois).
Diversifiez, diversifiez et diversifiez. En cas de krach, vous serez ainsi à même d’atténuer les pertes (temporaires). Lors d'un krach, il y aura toujours des secteurs et des thèmes qui s’en sortent mieux que d’autres. En fonction de votre appétence au risque, diversifiez également les classes d’actifs : non seulement les actions mais aussi éventuellement les obligations, les matières premières, les métaux précieux...
Envisagez d’investir périodiquement au moyen d’un KEYPLAN, afin d’éviter que vos décisions ne laissent la place aux émotions. Chaque mois, investissez une partie de votre argent par le biais d’un ordre automatique. Vous éviterez ainsi d’investir au « mauvais » moment. Chaque crise offre des opportunités. Et les grandes crises offrent de grandes opportunités. Un krach peut donc aussi constituer le moment idéal pour acheter des produits supplémentaires. Si tout le monde commence à vendre, ce serait l’occasion de faire des bonnes affaires.